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ganisme. Cette condition n’a peut-être pas été toujours remplie dans les travaux qui ont été publiés sur ce sujet.

Ici se présente également une théorie que les chimistes ont accréditée; nous voulons parler d’une sorte d’action compensatoire qui s’établirait entre la nutrition des animaux et celle des végétaux. Les animaux, disent-ils, sont avant tout des appareils de combustion, ils absorbent de l’oxygène et produisent de l’acide carbonique; les végétaux au contraire sont des appareils de réduction, ils fixent le carbone et rendent à l’atmosphère l’oxygène dont les animaux l’ont privée. Ainsi s’établit entre les deux règnes organiques une espèce de balancement; l’un consomme l’oxygène, l’autre le restitue, de façon que ce gaz vital demeure en quantité à peu près constante. Cette théorie est juste dans son expression générale, en ce sens que l’équilibre atmosphérique résulte bien d’une certaine opposition entre les conditions de la vie animale et celles de la vie végétale; mais il faudrait se garder d’en conclure que les procédés de la nutrition animale sont directement contraires à ceux de la nutrition végétale, que l’une s’opère par des combustions, l’autre par des réductions. On ne peut plus dire, comme autrefois, que les végétaux sont spécialement chargés de préparer par leur action réductrice les principes immédiats qu’utilisent ensuite les animaux. Il est bien prouvé maintenant que les cellules animales, de même que les cellules végétales, préparent directement les principes immédiats qui leur sont nécessaires; nous venons de voir que le foie fabrique de l’amidon qui se convertit en sucre; l’albumine, la fibrine, naissent dans le sang et n’y sont point apportées toutes faites par l’alimentation. La nutrition est d’ailleurs indirecte dans le végétal comme dans l’animal; l’organisme végétal se nourrit aussi de substances qu’il a préalablement élaborées et qu’il brûle en donnant de l’acide carbonique, ainsi que le fait l’organisme animal. En somme, il y a dans chacun des deux règnes des phénomènes de combustion et de réduction; mais ils sont en disproportion évidente. Les animaux opèrent en général sur des substances déjà très élaborées et n’ont qu’une faible action réductrice à exercer. Les végétaux au contraire peuvent agir directement sur les substances minérales et en fixer l’azote et le carbone avec énergie; c’est ce que fait avec une grande puissance la cellule de matière verte, qui est l’élément actif du tissu de la feuille. De là vient que les deux règnes modifient l’air d’une façon inverse. Les effets généraux qu’ils produisent sur le milieu extérieur sont contraires, mais la divergence n’existe pas dans les phénomènes élémentaires de la nutrition.

C’est d’ailleurs, nous l’avons dit, un problème encore fort obscur que la nutrition différentielle des divers élémens anatomiques. Des