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d’une foule de travaux importans, parmi lesquels il faut citer en première ligne les belles recherches de Graham sur la dialyse. Celles-ci à leur tour ont servi de point de départ à d’heureuses investigations. On peut donc dire que l’impulsion donnée par Du Trochet est loin d’être épuisée.

L’endo-exosmose fait connaître en principe comment les cellules animales renouvellent leur contenu et se procurent, par une filtration élective, ce qui leur est nécessaire. Non-seulement elles peuvent, grâce à ce mécanisme, se vider et se remplir, mais elles arrivent, par une action communiquée de proche en proche, à puiser des liquides dans des canaux qui ne s’ouvrent nulle part et à les déverser dans d’autres canaux également fermés, établissant ainsi à travers la masse des tissus une sorte de circulation latente dont la nature a longtemps échappé à toutes les recherches. Toutefois, même parmi les phénomènes dont l’endo-exosmose rend plus particulièrement compte, nous voulons dire ceux d’absorption et d’excrétion, on trouve en4re les divers organes des différences de sensibilité que la physiologie ne peut que constater sans les rapporter pour le moment à des causes déterminées. Il y a là toute une série d’études à peine commencées qui ont pour objet de mettre en lumière et d’isoler les propriétés spéciales des élémens épithéliaux.

Nous arrivons à une classe de phénomènes que l’on peut dire vitaux par excellence et qui sont jusqu’ici tout à fait irréductibles : ce sont les sécrétions de toute sorte qui se produisent dans l’organisme. Par les absorptions, par les excrétions, le sang s’assimile des substances extérieures ou rejette une partie de ses élémens; mais les sécrétions sont de véritables créations organiques faites par des procédés dont le principe même nous échappe complètement. La sécrétion, en ce qu’elle a d’essentiel, est un acte par lequel un élément épithélial soutire certaines matières, puis crée, élabore en lui-même un produit spécial pour le verser soit dans la masse du sang, soit sur les membranes muqueuses, en vue de fonctions particulières. Pour le moment, la science étudie ces actions par le menu. Est-ce à dire qu’il faille renoncer à tout espoir de les ramener à des vues d’ensemble et à des lois générales? Ce serait là une opinion trop contraire aux tendances de notre esprit, qui à travers toute analyse entrevoit une synthèse. Des réserves peuvent donc être faites pour l’avenir; mais dans l’état de ses connaissances la physiologie ne peut que suivre la voie que lui trace M. Claude Bernard, c’est-à-dire atteindre dans le détail les diverses sécrétions de l’organisme. Il a même fallu renoncer à l’opinion des anciens physiologistes, qui pensaient que les organes sécréteurs pouvaient dans une certaine mesure se suppléer les uns les autres. Cette sorte