Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 76.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réunie dans cette longue tige qu’on appelle la moelle épinière. Il reste cependant un certain nombre d’autres centres disséminés dans le corps; on les désigne sous le nom de ganglions nerveux, et l’ensemble porte le nom de système du grand sympathique. Les actions réflexes ne viennent donc pas toujours passer par la moelle, il y a par les ganglions nerveux une sorte de communication du premier degré; c’est ainsi que la surface sensible de la langue et les glandes salivaires communiquent entre elles par un ganglion. En revanche, il y a une série d’actions qui dépassent la moelle et s’élèvent aux organes supérieurs. La moelle épinière pénètre dans le crâne et s’y épanouit en divers organes qui forment la moelle allongée. A l’endroit même où elle entre dans la cavité du crâne se trouve une partie globulaire qui n’a que quelques millimètres dans tous les sens et qui commande aux mouvemens respiratoires. C’est ce point que Flourens avait appelé le nœud vital. La lésion de cet organe détermine immédiatement la mort; c’est là que l’épée du toréador frappe le taureau pour le tuer net. Près de là encore est l’origine des nerfs qui commandent aux mouvemens du cœur; puis vient le cervelet, qui préside à la coordination des mouvemens volontaires. Les hémisphères cérébraux sont comme le couronnement du système, et c’est jusqu’à eux que s’élèvent les phénomènes de sensibilité consciente. Les actes dont les hémisphères du cerveau sont le siège peuvent être directs ou réflexes. Quand ils sont réflexes, le mécanisme en paraît semblable à celui des actes de la moelle. L’action, partie des cellules sensibles de la moelle, arrive aux cellules du cerveau; elle s’y répercute pour redescendre aux cellules motrices, qui commandent le mouvement volontaire dont l’action simultanée du cervelet assure la régularité. L’activité vitale de l’élément musculaire, mise en jeu par son nerf, se manifeste d’ordinaire par une contraction. Il y a cependant certains cas où l’action nerveuse détermine un relâchement; mais cet effet est dû sans doute à une sorte d’interférence de la neurilité. Comme d’ailleurs l’élément musculaire est annexé à une foule de mécanismes divers, ici aux os, là aux intestins, ailleurs à des vessies, à des vaisseaux de toute sorte, à des conduits excréteurs, l’action nerveuse, soit réflexe, soit directe, commande à tous les phénomènes de la vie.


II.

Les élémens anatomiques qui forment la masse des corps vivans ne peuvent pas, pour la plupart du moins, être en contact avec le milieu extérieur. Ils vivent dans un milieu intérieur qui les environne de toutes parts, et où ils trouvent, chacun suivant sa nature, leurs conditions d’existence. Le sang baigne tout l’organisme, y