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Périgord nous ramènent plutôt vers le début de cet âge, alors que les espèces éteintes se montraient encore avec plus ou moins d’abondance à côté de l’animal qui formait la principale nourriture de l’homme.

La race qui habitait alors la Belgique différait de celle du Périgord par sa petite taille ; son crâne plus arrondi rentrait dans le type brachycéphale, mais avec des variations fréquentes dans la forme de la voussure occipitale et de la mâchoire, tantôt nettement orthognathe, tantôt au contraire plus ou moins prognathe, c’est-à-dire penchée en avant, comme celle des nègres. Le plus souvent cependant le crâne affecte une forme pyramidale, la face est aplatie et en losange ; l’usure des dents molaires est circulaire, creusée vers le milieu et tout à fait caractéristique. Cette usure se retrouve chez la plupart des races d’alors dans toute l’Europe, et indique soit une particularité congéniale, soit un effet de la trituration des substances alimentaire. Cette race, éminemment troglodyte, taillait le silex ; elle travaillait aussi les os et surtout le bois de renne. Moins avancée que la race du Périgord, dont elle différait physiquement, elle était dépourvue de toute aptitude pour les arts ; elle était cependant curieuse de substances rares, brillantes ou singulières, et recueillait avec soin celles qu’elle rencontrait. Le renne et surtout le cheval constituaient la base de son alimentation ; insouciante et sale comme les Esquimaux et les Lapons, elle demeurait au milieu des restes de ses repas et des chairs putréfiées. Déjà pourtant le soin de la sépulture et certains usages funéraires révèlent chez elle des instincts plus élevés. Ces usages étaient universels ; la célèbre grotte d’Aurignac, dans la Haute-Garonne, a montré sous ce rapport la même disposition que le trou Frontal et la caverne de Furfooz, explorés dernièrement par M. Dupont. Le lieu de la sépulture occupait la partie la plus reculée ; les morts y étaient déposés les uns sur les autres, et on y plaçait à côté d’eux leurs armes, des ornemens et des objets divers, ainsi qu’un vase en poterie ; une dalle fermait l’entrée de cette espèce de caveau funéraire, et le séparait d’une sorte de vestibule, où se donnaient des repas funèbres dont les débris se retrouvent constamment.

La race belge, malgré sa petite taille, était agile, musculeuse, adroite ; d’après certains indices, elle aurait prolongé son existence jusque dans l’âge de la pierre polie et peut-être plus tard encore. M. Pruner-Bey n’a point hésité à la rattacher à la famille ouralo-altaïque du grand rameau touranien, et à faire ressortir les ressemblances physiques qui la rapprochent des Lapons. Le prognathisme qui est si visible dans quelques-unes de ces têtes pourrait faire pencher vers d’autres conclusions ; mais M. Gervais a remarqué avec