de vivre le 29 septembre, les uns disent à Pérouse, les autres dans les Abruzzes, et que son procès n’est nullement terminé. Les dominicains, ajoutant leurs commentaires au simple récit de l’événement, racontent qu’il est mort sans l’assistance d’un prêtre, dans l’horrible solitude de ces grands pécheurs que l’église a retranchés de la société des fidèles. Doit-on les croire ? Les mineurs d’Albi ne manqueront pas du moins de contribuer de tout leur pouvoir au salut de son âme. En L’honneur de cet excommunié, mort avec ou sans prêtre, ils célèbrent une messe dans leur couvent, et après la messe Bernard prononce son éloge funèbre.
Bernard, comme on le voit, demeurait en scène ; mais la plupart de ses amis l’avaient abandonné. Élie Patrice lui-même a cessé de l’accompagner dans ses courses foraines et de seconder sa propagande. On ne s’agite plus, on attend. Bientôt une autre nouvelle arrive à Carcassonne, plus grave encore que les précédentes. Le confesseur de la reine, frère Durand, et le fils du vidame, Raynauld de Picquigny, écrivent en même temps que le roi de Mayorque a livré le secret de certaines négociations entamées avec son fils, que Bernard est accusé d’avoir été l’agent principal de cette trahison, et que, s’il peut se justifier, il doit se hâter de le faire, le roi Philippe étant fort irrité et parlant d’obtenir prompte justice. Bernard n’avait jamais été sans redouter une révélation. Le projet avait eu de si nombreux confidens qu’il en devait transpirer quelque chose ; mais, ayant pris soin d’anéantir les preuves écrites du complot, il pensait pouvoir tout contester avec avantage. Ses espérances étaient maintenant déçues : quand il était dénoncé par un roi, la qualité du dénonciateur ne lui permettait pas de nier le fait ; il ne pouvait plus que s’efforcer d’en atténuer l’importance. Il communique donc à toutes les personnes qu’il juge compromises les avertissemens qui lui sont parvenus et délibère en secret avec elles sur la conduite qu’il faut tenir ; mais chacun se trahit par son émotion. Bientôt informé de ce qui se passe, le sénéchal de Carcassonne, Jean d’Aunay, défend à Bernard l’entrée de la ville. Ainsi tout est découvert. Cependant aucun ordre du roi n’est venu prescrire de commencer des poursuites. Cet ordre, il faut le prévenir. C’est pourquoi la résolution est prise en commun d’envoyer une députation à Paris. Avec Bernard iront voir le roi, lui parler, l’éclairer et le supplier, Guillaume Fransa, Pierre. Probi et Pierre Étienne, alors consul, pour les gens d’Albi, Jean Marcend et Bernard-Jean Servinier pour ceux de Carcassonne, Bernard Pannat pour ceux de Cordes.
Rendue à Paris, l’ambassade sollicite le roi, sollicite la reine, mais vainement ; le roi n’écoute aucune explication, aucune prière. Plus il s’est montré jusqu’alors bienveillant pour Bernard et les