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service. Aussi a-t-il été établi en sa faveur une caisse d’épargne. Le traitement de chacun d’eux subit toutes les semaines une réduction proportionnée au chiffre du salaire[1], et cette retenue forme la base de ce qu’on appelle superannuation fund. Une telle réserve s’alimente en outre de plusieurs autres ressources et l’on calcule que de vieux serviteurs de la police métropolitaine reçoivent sous forme de pension viagère près de cinq fois la valeur de leurs contributions. Scotland-Yard vient également, au secours des veuves ou des enfans de constables qui ont succombé par suite de blessures reçues dans l’exercice de leurs devoirs. Enfin l’administration enterre ses morts, et la somme payée pour les funérailles figure chaque année dans le mémoire publié par sir Richard Mayne.

Londres est, je crois la seule ville du monde qui ait deux polices, l’une pour la métropole et l’autre pour la Cité. Lors du mariage du prince de Galles. il avait été question d’amalgamer les deux systèmes ; mais, après bien des discussions qui retentirent dans les journaux anglais, la tentative échoua définitivement. Quelques traits suffiront pour signaler les principaux caractères qui les distinguent. La police de la Cité est sous la main du lord-maire et des aldermem Son autorité rayonne sur une enceinte dont les limites sont depuis longtemps fixées et sur un nombre d’habitans qui ne saurait beaucoup s’accroître. Son personnel est, toute proportion gardée, plus considérable que celui de la police métropolitaine ; on a fait le calcul que, dans la Cité, un constable avait à garder 10 acres de terrains et qu’il veillait sur 184 personnes, tandis que dans l’autre service la vigilance du même agent doit s’étendre sur 72 acres, et il est au reste de la population comme 1 est à 600. Les hommes constituant la force municipale du lord-maire sont aussi mieux payés que ceux de sir Richard Mayne. A part ces différences et quelques anciennes coutumes, les deux organisations se ressemblent beaucoup. Dans le reste de l’Angleterre, chaque comté a sa police ; qui se trouve placée sous les ordres d’un chief constable, les cités et les bourgs ont aussi la leur, et dans ces derniers les officiers de tout grade sont choisis par un comité de surveillance (watck committee) qui les paie avec l’argent des paroisses. Ces diverses branches locales et indépendantes les unes des autres viennent d’ailleurs se réunir à un centre, — le secrétaire d’état, chef de la police de tout le royaume. On n’a pourtant vu fonctionner jusqu’ici

  1. Il suffira bien d’indiquer les deus termes extrêmes de la hiérarchie : le constable de la dernière classe, sur un traitement de 19 shillings par semaine, place 4 deniers (40 centimes), tandis que l’inspecteur de première classe, sur des appointemens de 2 livres sterling 12 shillings 6 deniers par semaine, verse 1 shilling dans cette même caisse de prévoyance.