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OPERATIONS
ET
TENDANCES FINANCIERES
DU SECOND EMPIRE

Le public est tout entier aux préoccupations financières. Le sincère exposé fait par M. Magne à son entrée au ministère, les divers projets de loi étudiés en ce moment par le corps législatif et surtout l’annonce de l’emprunt ont vulgarisé, pour ainsi dire, les inquiétudes qui existaient depuis longtemps parmi les hommes initiés à ces questions. Après tant de promesses et d’efforts pour équilibrer les budgets, après tant d’expédiens pour escompter l’avenir, le gouvernement vient nous révéler que l’abîme des déficits est plus largement ouvert que jamais, et qu’une nécessité impérieuse, la sécurité du territoire, légitime au plus haut point le recours au crédit. Il faut bien se résigner aux dépenses de la réorganisation militaire ; mais ce n’est pas tout : quand on examine de près la situation, quand on fait le compte des services civils à pourvoir, des engagemens à courts termes pris par le trésor pour achever les chemins de fer, développer les chemins vicinaux, compléter l’outillage de la paix, on constate que les centaines de millions qu’il faudra donner demain ne suffiront pas, et que l’emprunt sollicité sera inévitablement et prochainement suivi par un autre appel au crédit. Nous raisonnons ainsi dans l’hypothèse de la paix ; que serait-ce si une grande guerre venait à éclater ? La seule campagne de Crimée a augmenté notre dette perpétuelle de 72 millions par année. Qui sait ce que coûterait un choc de la France contre une partie