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le pouvoir absolu répond une nouvelle et plus formidable insurrection. Chaque fois celle-ci finit par triompher ; mais avec chaque nouvel empereur c’est à recommencer. Ni Ferdinand, ni son successeur Maximilien ne parvinrent à se rendre maîtres de toute la Hongrie. Zapolya, puis son fils Jean-Sigismond, se maintinrent en possession de la Transylvanie et d’une partie des comitats du nord. Les Turcs s’étaient emparés de Bude. Ils occupaient toute la partie méridionale du pays, et allaient assiéger et brûler les villes que se disputaient les Autrichiens et les Hongrois ; en 1525, ils s’avancèrent jusque sous les murs de Vienne. Bientôt les dissensions religieuses vinrent se mêler à la guerre des races. Dès 1526, le protestantisme avait pénétré en Hongrie. Il y fit des progrès rapides. Basé sur l’examen individuel et sur la discussion, ce culte devait convenir à un peuple habitué à se gouverner dans ses libres assemblées et hostile par instinct au joug de l’autorité. Toutes les familles de magnats, sauf trois, adoptèrent, assure-t-on, les idées nouvelles. Depuis lors et aujourd’hui encore la confession helvétique est appelée la religion magyare. Sous l’empereur Rodolphe, les jésuites, précédemment expulsés, reprirent pied dans le pays. En 1586, ils s’établirent dans le monastère de Thurocz. Aussitôt les persécutions commencèrent, dirigées par Pethó, archevêque de Kalocza, et par le comte Belgiojoso, gouverneur de la Hongrie. Les églises furent enlevées aux réformés, leurs pasteurs chassés ou égorgés, leurs écoles fermées, leurs biens confisqués. Pour mettre un terme à ces odieuses violations des franchises nationales, Bocskay lève l’étendard de la révolte, et, sorti de la Transylvanie, entraîne la noblesse de tous les comitats à sa suite. L’empereur est obligé de céder. Par la pacification de Vienne (1606), il accorde aux protestans le libre exercice de leur culte, et reconnaît Bocskay comme prince de Transylvanien Sous l’empereur Mathias, les jésuites revinrent encore. Ils établirent des collèges à Raab, à Presbourg, une université à Turnau. Les persécutions religieuses recommencèrent ; contrairement aux privilèges du pays, des soldats allemands occupaient les forteresses, et des emplois étaient donnés à des étrangers. Quand le sombre et fanatique Ferdinand II arrive au trône en 1619, une nouvelle insurrection. éclate. Bethlen Gabor, prince de Transylvanie, la dirige. Il s’allie avec la Bohême, soulevée pour la défense de ses droits, et s’avance jusque près de Vienne. Les Bohémiens sont écrasés à la bataille de la Montagne-Blanche ; mais l’empereur, ne pouvant vaincre les Hongrois, est obligé de subir leurs conditions à la paix de 1620.

Sous Ferdinand III, nouvelles persécutions et violation constante de tous les privilèges consacrés par la constitution hongroise. C’est encore de la Transylvanie, cette forteresse de l’indépendance