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LA
MORT DE DEADLY DASH
RÉCIT D’UN LENDEMAIN DE COURSES[1].

On peut être grand médecin, — demandez plutôt au vôtre, — et ne pas connaître l’epsomitis. C’est une maladie singulière, dont le domaine est restreint, et qui revient chaque année à date fixe. On n’y est guère sujet qu’à Londres même ou dans les environs immédiats de cette immense cité, le lendemain du jour où le grand prix du derby a été disputé. Les symptômes de ce mal curieux, d’après une séméiotique familière aux gens du monde, — plus particulièrement aux membres du Jockey-Club, — consistent en une sorte de mélancolie douce et résignée qui ne cède qu’à un régime prolongé d’eau de Seltz tempérée d’amontillado. En remontant aux causes déterminantes, vous trouvez presque invariablement une perte sèche d’un nombre de livres sterling exprimé par quatre chiffres au minimum, perte qu’on ne pouvait prévoir, paraît-il, et que le malade attribue soit à un refroidissement du cheval favori, soit à un effort durant l’entraînage, soit à un faux départ, jamais au mauvais choix de la bête pour laquelle il pariait. Quelques autres accidens peuvent déterminer une attaque du même mal. Au retour des courses, par exemple, vous avez lancé votre wagonnette dans les côtes d’un omnibus, et à ce méfait déjà notable vous avez ajouté celui de répondre par un refrain à l’Africaine aux malédictions

  1. Encore un récit emprunté au recueil de Ouïda (Cecil Castlemaine’s Gage, etc.) Celui-ci nous montre sous un nouvel aspect le talent de l’ingénieux écrivain que nous avons pris sur nous de recommander à l’attention de nos lecteurs.