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de quelque nom qu’on les désigne, ne sont, à proprement parler, que des asiles, il faut les rejeter hors de notre enceinte, à la campagne, au soleil, sur la lisière des bois, dans des conditions extérieures sévèrement choisies. Charenton, Bicêtre, le Vésinet, Vincennes, n’en sont pas moins fréquentés pour être à quelques kilomètres de Paris. Il ne manque pas dans nos environs de larges emplacemens qu’on pourrait acquérir sans dépense excessive pour y établir la Salpêtrière, qui est l’hospice de la vieillesse, et n’est destinée à secourir aucun cas de mal subit. Or les constructions, les cours et les jardins de la Salpêtrière couvrent une étendue de 40 hectares sur lesquels il semble que l’entrepôt trouverait facilement la place qui lui est nécessaire, et que réclament impérieusement les besoins du commerce.

Situé ainsi à proximité de la Seine et pouvant recevoir les apports de la navigation, côtoyant le débarcadère du chemin de fer d’Orléans, par lequel arrivent tous les produits du Bordelais et du midi, relié près du pont Napoléon au chemin de fer de Lyon, qui dessert la Bourgogne, le Bourbonnais, les côtes du Rhône, l’entrepôt futur, réunissant l’entrepôt actuel et les magasins de Bercy, répondrait à toutes les exigences de la production, de la vente et de la consommation des vins. Les transactions, déjà considérables, prendraient une importance plus grande, et la ville de Paris récupérerait promptement par l’accroissement des entrées les sommes qu’entraîneraient un tel déplacement et de semblables modifications. L’emplacement de la Salpêtrière nous semble s’imposer de lui-même par les facilités qu’il offre. Peut-être, se préoccupant de vieilles traditions commerciales, du voisinage direct de la Seine, ira-t-on chercher à Bercy les terrains nécessaires à la construction de l’entrepôt projeté. Ce serait une combinaison qui aurait aussi son avantage. L’important est d’arriver sans délai à une solution décisive donnant des garanties aux intérêts engagés. Plus d’un négociant expédie maintenant ses vins et ses trois-six aux docks Saint-Ouen, où les conditions d’aménagement sont excellentes.

On a pu apprécier le mécanisme à l’aide duquel Paris est toujours suffisamment pourvu de pain, de viande et de vin; mais il est d’autres denrées qui entrent pour une part considérable dans notre consommation quotidienne. Chaque jour les voit arriver et disparaître, car elles sont pour la plupart éminemment périssables. Comme des avalanches, elles se précipitent chaque matin sur nos halles centrales pour être de là enlevées et transportées dans les marchés, dans les boutiques, ou pour être voiturées à travers les rues de Paris par les marchands ambulans. Il y a là encore un curieux sujet d’étude, et nous essaierons bientôt de l’aborder.


MAXIME DU CAMP.