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LA
GRÈVE DU MILLIARD

Il y a quatre ans, lorsque nous défendions la Banque de France contre les attaques injustes dont elle était l’objet[1], l’escompte était à 7 et 8 pour 100, le niveau de l’encaisse était descendu au-dessous de 200 millions, et les billets au porteur atteignaient le chiffre de 800 millions. À ce moment, on se plaignait de la rareté du numéraire, on accusait la Banque de France de la produire ou tout au moins de ne pas l’empêcher par les moyens qu’on supposait être à sa disposition. On disait tout haut qu’elle abusait de son monopole, qu’elle avait intérêt à ce que l’argent fût cher, et que, tant que ce monopole subsisterait, on ne verrait plus jamais l’argent à bon marché. On faisait des tableaux charmans de ce que serait la prospérité publique, si l’argent revenait par exemple au taux normal de 4 pour 100, on ne demandait pas davantage. Nous n’avons plus besoin de démontrer aujourd’hui, après les faits qui se sont accomplis, que ces reproches étaient aussi peu fondés que peu désintéressés. Si, pour remédier à la cherté de l’argent, on avait adopté notamment le moyen que l’on proposait, la création d’une seconde banque d’émission aux mains du Crédit mobilier, nous aurions à déplorer d’autres désastres que ceux éprouvés par cette dernière société.

Il y a une chose certaine au moins, c’est que le monopole de la Banque de France n’était pas un obstacle absolu au bon marché de l’argent, puisque depuis plus d’un an l’escompte est à 2 1/2 pour 100 après avoir été longtemps à 3, et que la Banque ne trouve pas

  1. Voyez la Revue du 1er janvier 1864.