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tion, la conversion de la chaleur en travail, le transport de chaleur d’une source froide à une source chaude, seront les phénomènes négatifs. Sans doute ce n’est point au hasard que nous choisissons l’un des effets pour lui donner le sens positif, l’effet inverse ayant dès lors le sens contraire. On verra bientôt les motifs de notre détermination; mais rien n’empêche qu’on ne se contente, jusqu’à plus ample informé, d’y voir une convention arbitraire. Positif ou négatif, chacun de nos trois phénomènes fondamentaux est pour nous bien distinct des deux autres; toutefois nous pouvons, pour les considérer dans leurs rapports mutuels, leur donner une appellation commune. Sans discuter sur le terme qu’il conviendrait de choisir à cet effet, nous prendrons celui même que M. Clausius a adopté, celui de transformation. Nos trois phénomènes seront donc pour nous des transformations positives ou négatives, suivant que la disgrégation subira un accroissement ou une diminution, que le travail se convertira en chaleur ou celle-ci en travail, que la chaleur passera d’un corps chaud à un corps froid ou d’un corps froid à un corps chaud.

Voilà nos données établies. Il y faut ajouter encore une considération capitale. Nous supposerons d’abord provisoirement que tous les changemens dont nous nous occupons ont lieu de telle façon que les changemens inverses pourraient avoir lieu précisément, si les mêmes circonstances se reproduisaient en sens inverse. L’étude de la machine à air a fait comprendre ce qu’il faut entendre par ces termes. Il s’agit donc en premier lieu de changemens réversibles. On peut soupçonner dès maintenant combien cette restriction est importante; on le verra mieux quand nous en viendrons à la faire disparaître. Ces préliminaires posés, cherchons quels rapports existent entre les trois espèces de transformations. Nous nous trouvons là en face d’un problème aussi original que transcendant; nous en venons à considérer des données qu’on peut dire toutes nouvelles dans la science. Ces transformations n’étaient point jusqu’ici regardées comme des grandeurs mathématiques, ainsi que le disait justement M. Clausius dans le passage que nous avons cité plus haut. Cependant il s’agit maintenant non-seulement de les apprécier, mais d’en mesurer les rapports.

La disgrégation d’un corps augmente, un gaz par exemple se dilate peu à peu. A mesure qu’il augmente de volume, il triomphe d’une pression extérieure; il y a donc là un travail produit et par conséquent de la chaleur consommée. L’accroissement de disgrégation (transformation positive) correspond à une conversion de chaleur en travail (transformation négative). Est-ce tout? Non, il y a plus. En rapportant les deux phénomènes à des unités convenable-