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tions fondamentales il résulte encore des équations d’une autre forme qu’on peut mettre à profit pour vérifier de nouvelles conséquences[1]... Je ne crains même pas d’ajouter que les deux principes fondamentaux sont si fréquemment et si étroitement liés l’un à l’autre dans les recherches exécutées à l’aide de la théorie mécanique de la chaleur, qu’il n’y a que fort peu de ces recherches qui puissent être bien conduites, si l’on ne connaît pas le second principe. »

Portons nos yeux, avec M. Clausius, sur l’ensemble des phénomènes naturels. Nous pourrons les réduire à trois principaux. Si même nous avons égard aux idées que les physiciens semblent généralement admettre, nous pourrons dire que ces trois phénomènes embrassent l’universalité des actions physiques. En premier lieu, les molécules des corps sont écartées les unes des autres; elles sont, pour employer un terme emprunté à M. Clausius, dans un état de disgrégation qui augmente ou diminue suivant les circonstances. L’accroissement ou la diminution de disgrégation, voilà ce que nous pouvons appeler un premier ordre de phénomènes. La conversion de la chaleur en travail ou du travail en chaleur, voilà un second ordre de phénomènes avec lequel nous sommes désormais familiarisés. Enfin le transport de la chaleur d’une source chaude à une source froide ou le transport inverse d’une source froide à une source chaude, voilà un troisième ordre de phénomènes que nous avons appris tout à l’heure à considérer. Toute action physique, pour nous, peut être rapportée à ces trois faits, se résoudre en ces trois élémens. Nous objectera-t-on que cette division ternaire est faite arbitrairement, qu’une autre division pourrait être préférée? Qu’importe? Ne nous est-il pas loisible de faire dans notre esprit telle division qui nous paraîtra opportune, si nous croyons pouvoir tirer de ce procédé quelque utile conséquence?

Remarquons d’ailleurs que chacune des divisions que nous venons d’établir embrasse à la fois le phénomène direct et le phénomène inverse. Nous pouvons, suivant une des habitudes de l’analyse mathématique, considérer l’un comme positif, l’autre comme négatif. L’accroissement de disgrégation, la conversion du travail en chaleur, le transport de chaleur d’une source chaude à une source froide, seront les phénomènes positifs. La diminution de disgréga-

  1. C’est ainsi qu’en utilisant le second principe on trouve une formule pour déterminer la densité des vapeurs saturées. On trouve de même l’expression générale de la quantité de vapeur qui se condense dans le travail de la détente. Le calcul donne ainsi pour ces quantités des valeurs théoriques dont l’exactitude a été reconnue par l’observation chaque fois que l’expérience a pu être faite. On a donc là un moyen de suppléer à l’expérimentation directe.