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III.

Les indications qui vont suivre sont empruntées en grande partie à M. Clausius. Parmi les savans qui ont perfectionné la théorie mécanique de la chaleur, qui l’ont à la fois précisée et développée, M. Clausius occupe incontestablement le premier rang. Nous avons déjà indiqué en passant comment il a contribué à fixer définitivement le rapport d’équivalence entre la chaleur et le travail. En ce qui concerne le second principe, M. Clausius a joué un rôle plus décisif encore. Nous avons la bonne fortune de trouver à cet égard une sorte de résumé de ses vues dans une leçon qu’il a faite, vers les derniers jours de l’année 1867, aux physiologistes et médecins allemands réunis en congrès à Francfort-sur-le-Mein.

M. Clausius appelait naturellement leur attention sur l’importance spéciale qui s’attache à la seconde loi de la thermodynamique. « Le premier principe, disait-il, le principe de Mayer, s’est répandu très vite dès qu’il a été énoncé et sanctionné par l’expérience, et il arrive souvent qu’il est regardé comme l’unique base de la théorie mécanique de la chaleur par des personnes qui ne se sont occupées de cette théorie que d’une manière superficielle… Cela a lieu notamment en France… Et pourtant il y a un deuxième principe qui n’est nullement compris dans le premier, mais qui doit être démontré à part. Il est même aussi important que l’autre, et les deux principes réunis constituent comme les deux colonnes de la théorie mécanique de la chaleur. Si le deuxième principe est moins connu que le premier et quelquefois même est complètement passé sous silence dans les exposés élémentaires, cela dépend principalement de ce qu’il est beaucoup plus difficile à saisir… La démonstration en comporte des notions toutes nouvelles, qui ne se sont introduites dans la science qu’à cette occasion. L’on a même à comparer les unes aux autres des grandeurs que jusqu’ici on n’avait pas considérées comme des grandeurs mathématiques. » Et il ajoute ailleurs : « On peut arriver cependant à représenter mathématiquement le second principe par une équation aussi simple que le premier, et l’on a ainsi les deux équations fondamentales d’où découlent toutes celles que peut fournir la théorie mécanique de la chaleur… Si l’équation qui exprime le premier principe peut donner à elle seule l’explication d’une série nombreuse de conséquences importantes, l’adjonction du second principe augmente dans une proportion considérable la fécondité de la théorie. Ce second principe en effet, pris isolément, peut mener à des faits nouveaux comme le premier, et de plus de la combinaison des deux équa-