Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/957

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armées allaient se mouvoir, eut la direction des affaires politiques. Après quelques succès faciles contre les Pindaries, la guerre devint plus sérieuse ; la bataille de Mehidpore, longtemps disputée, anéantit les forces des princes mahrattes. Malcolm y avait pris part comme général ; après la victoire, il reçut mission de réorganiser le pays conquis, d’éliminer les souverains battus, d’installer de nouvelles dynasties. Tel prince dépossédé paraissait indigne de la couronne ou suspect d’opposition, au gouvernement anglais ; il était exilé avec une grosse pension et remplacé par le rejeton d’une ancienne famille. Tel autre n’était dépouillé que d’une partie de ses domaines. Toutefois il est juste de dire que le négociateur apportait dans ces délicates fonctions, qui furent peut-être l’œuvre capitale de sa vie, une modération extrême. Il ne partageait pas le profond dédain qu’il fut à la mode par la suite de manifester pour les gouvernemens indigènes ; il aimait mieux les conserver, fussent-ils médiocres, que de les renverser tout à fait et d’affronter les périls d’un bouleversement complet. Il avait coutume de dire que « l’on ne sait pas assez combien le Temps est une personne respectable, et que l’on ne fait rien de bon sans son concours : » sage principe dont les administrateurs de toutes les époques devraient être pénétrés.

Ces fonctions importantes occupèrent Malcolm pendant deux ou trois années, après lesquelles, il se crut des titres au gouvernement d’une présidence. Justement le gouvernement de Bombay devint vacant ; mais on lui préféra un de ses collègues plus jeune que lui, lord Mount Stuart Elphinstone. Un peu plus tard, le gouvernement de Madras fut encore donné à un autre, au mépris des droits que Malcolm faisait valoir. Se voyant déçu de tous les côtés, il se dit qu’il était temps de rejoindre sa famille, jurant encore une fois que l’Inde n’avait plus rien qui l’attirât.

C’était en 1822. On commençait à fréquenter entre l’Inde et l’Europe la route de la Mer-Rouge, route plus courte que celle du cap de Bonne-Espérance, mais encore longue et pénible, car il n’y avait à cette époque ni bateaux à vapeur sur les mers, ni chemin de fer dans l’isthme de Suez, ni ces hôtelleries comfortables qui rendent aujourd’hui les étapes plus douces. Malcolm voyageait en touriste ; de l’Égypte, il se rendit aux îles ioniennes, de Corfou à Malte, de Malte à Naples, puis à Rome, à Florence, et il ne mit le pied sur la terre natale qu’après avoir parcouru la Suisse et la France. Il établit sa résidence à une courte distance de Londres ; mais, si le home avait des charmes, pour lui, il ne pouvait se résoudre à y rester inactif. Tantôt nous le retrouvons en Irlande, où il va voir son vieux protecteur, lord Wellesley, alors investi des