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LES
OFFICIERS POLITIQUES
DE
LA COMPAGNIE DES INDES




Lives of Indian officers, by John W. Kaye, 2 vol. London 1867.




Lorsqu’on étudie les colonies de notre époque et que l’on cherche à évaluer la force d’expansion des peuples modernes, l’attention se porte tout d’abord sur le colossal empire que les Anglais ont créé dans l’Inde. Nulle part le triomphe de notre civilisation n’a été si complet ; nulle part la supériorité des mœurs européennes et de l’état social européen ne s’est affirmée avec tant d’éclat. Annexer vingt royaumes indigènes l’un après l’autre et pour ainsi dire l’un par l’autre, modifier les mœurs cruelles et l’étroit esprit de caste du brahmanisme, assoupir l’influence belliqueuse du mahométisme, établir un gouvernement pacifique et centralisé sur les débris de monarchies que huit siècles de luttes intestines avaient épuisées, régir 180 millions d’Asiatiques avec une poignée de soldats étrangers, voilà le spectacle que nous offre l’histoire contemporaine de l’Inde, et une telle œuvre a été accomplie en moins d’un demi-siècle. Certes il convient d’attribuer les progrès de la domination anglaise à un esprit national qui, patent ou occulte, présidait à toutes ces conquêtes et aux négociations dont elles étaient précédées. À côté des tendances pacifiques de la compagnie des Indes, association de marchands pour qui la guerre n’avait aucun attrait,