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l’objet d’une industrie productive, soit qu’on considère la pêche comme une simple distraction. Des lithographies faites d’après des photographies et très fidèlement coloriées représentent les types principaux, tandis que de nombreuses gravures sur bois intercalées dans le texte en augmentent la clarté.

Ce livre est particulièrement propre à donner le goût d’un genre de sport qui, très en faveur en Angleterre, est on ne sait pourquoi en France l’objet du ridicule ; nous voulons parler de la pêche à la ligne. Quand on voit ce qu’il faut d’adresse réelle pour y réussir, on ne s’explique pas les plaisanteries dont elle est l’objet ; les Anglais, si avides de tous les exercices du corps, s’y adonnent avec passion, et louent aux propriétaires des rivières le droit d’y pêcher à leur aise. Il y a en Écosse et en Irlande des pêcheries qui rapportent chaque année jusqu’à 50,000 francs par les licences ainsi concédées. Beaucoup d’amateurs s’en vont même jusqu’en Suède et en Norvège pour pêcher le saumon dans les fleuves et les lacs de l’intérieur. Si ce goût se développait en France, nous ne pourrions que nous en féliciter, car il contribuerait à faire aimer la campagne, si pauvre aujourd’hui de plaisirs sérieux et de saines distractions ; mais la première condition pour avoir des amateurs de pêche, c’est d’avoir du poisson. Or c’est précisément ce qui nous fait le plus défaut, grâce à une législation qui semble avoir eu pour objet d’empêcher le repeuplement des cours d’eau. Les rivières flottables et navigables, considérées comme appartenant à l’état, sont louées à son profit, par portions de quelques kilomètres de longueur, à des fermiers qui prennent du poisson le plus qu’ils peuvent et ne font rien pour le multiplier, de crainte que leurs sacrifices ne profitent à leurs voisins. Quant aux cours d’eau non navigables ni flottables) ils appartiennent aux propriétaires riverains, mais comme ceux-ci n’ont pas le droit d’y établir de barrages qui leur assurent la possession du poisson qui s’y trouve, la plupart s’abstiennent de rien faire pour repeupler leurs eaux.

Il serait nécessaire, ainsi que nous avons eu l’occasion de le dire dans l’étude citée plus haut, que chacun fût maître chez lui afin qu’il puisse, soit isolément, soit en s’associant avec ses voisins, organiser des pêcheries semblables à celles de l’Angleterre. Si important que soit en lui-même l’ouvrage que nous signalons au lecteur, ce n’est, à vrai dire, qu’un premier volume. Sous le titre d’Histoire des grandes industries des eaux, l’auteur se propose de compléter l’œuvre commencée en nous faisant connaître les pêches de la baleine, du hareng, de la sardine, du thon, du maquereau, ainsi que les progrès de la pisciculture, de l’ostréiculture et de la mise en valeur des plages. Nous en rendrons compte en temps utile.


J. CLAVE.


L. BULOZ.