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Jeudi dernier a eu lieu à l’Académie française la réception de l’abbé Gratry, qui a prononcé l’éloge de M. de Barante. M. Vitet lui a répondu par un charmant discours où il a retracé la vie de M. de Barante, à qui succède le récipiendaire. Les qualités qui sont celles de M. Vitet, la finesse des tours, la flexibilité du style, la continuelle élégance du langage, se rencontrent dans ce discours académique. M. Vitet a déroulé la vie de M. de Barante et ses œuvres diverses, qui ont toujours correspondu opportunément à la curiosité de l’opinion publique. « Tant de fragmens d’études, de notices, de biographies, d’écrits de circonstance, réunis en de si nombreux volumes, ne semblerait-il pas qu’il y avait là de quoi remplir deux vies comme la sienne, même aussi longues et aussi laborieuses ? Eh bien ! non, chez M. de Barante tout cela n’est que délassement ; c’est le fruit de ses heures de repos, de ses jours de retraite ; sa vie active, sa véritable vie n’est pas là ; il aimait tendrement les lettres, mais les lettres ne suffisaient ni à son esprit ni à son âme ; il avait besoin d’autre chose : il lui fallait un devoir à remplir, du bien à faire, une occasion d’agir, non-seulement sur soi-même en travaillant à son perfectionnement moral, mais sur les autres par l’amélioration de la destinée commune, par le triomphe des idées de justice et de liberté. »

Un ancien député, M. Calmon, vient de publier le premier volume d’une histoire parlementaire des finances de la restauration. Cet ouvrage a un véritable intérêt : les finances de la restauration furent excellentes. Elles ont une histoire qui fournit des enseignemens profitables. « C’est au point de vue tout spécial des finances qu’est entrepris le travail dont nous livrons aujourd’hui la première partie au public, dit M. Calmon, et ce point de vue n’est pas le moins favorable sous lequel puisse être appréciée la restauration, car c’est surtout par sa bonne gestion de la fortune publique qu’elle a des titres incontestables à la gratitude du pays. Aucun lien politique, aucun souvenir de sympathie ne nous rattache à ce régime ; mais il est juste de reconnaître qu’il fut essentiellement honnête, et que les bommes appelés successivement à exercer le pouvoir, à quelque opinion qu’ils aient appartenu, quand ils n’étaient pas dominés par les questions de politique ou de parti, n’ont été dirigés dans les divers actes de leur administration que par le sentiment le plus éclairé et le plus pur de l’intérêt public. » De tels souvenirs sont toujours bons à rappeler et doivent rester précieux à tous les esprits sincères qui traitent sérieusement des affaires de leur pays. e. forcade.