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ÉTUDES
DE MŒURS ROMAINES
SOUS L’EMPIRE


III.

LA JEUNESSE DE MARC-AURÈLE.
d’après les lettres de fronton.


M. Cornelii Frontonis et M. Aurelii imperatoris epistolœ, recensuit Adr. Naher, Lips. Teubner 1867.

Après avoir séjourné quelque temps dans cette sombre histoire des premiers césars[1], j’éprouve le besoin de détourner les yeux vers des spectacles moins tristes. Je cherche, sans sortir de l’empire, quelques tableaux qu’on regarde avec plaisir et qui montrent l’homme sous un meilleur jour. L’époque des Antonins me les fournira facilement. Par exemple, qui peut mieux reposer des délateurs que Marc-Aurèle ? On vient justement de publier une nouvelle édition de sa correspondance avec Fronton ; j’en profite pour étudier de près cette aimable figure[2].

Il y a un peu plus de cinquante ans, un jeune érudit, Angelo Maï, étudiant dans la bibliothèque de Milan un manuscrit du Xe siècle

  1. Voyez l’Exil d’Ovide dans la Revue du 1er juin 1867, et les Délateurs dans celle du 15 novembre dernier.
  2. Les lecteurs de la Revue se souviennent que M. Martha les a déjà entretenus de Marc-Aurèle. Seulement, comme il s’occupait surtout de ses Pensées, il l’a fait connaître tel qu’il était dans ses dernières années. J’étudie au contraire sa correspondance, qui va nous le montrer pendant sa jeunesse. Je n’ai donc d’autre ambition, dans l’étude qu’on va lire, que de compléter le tableau présenté par M. Martha.