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groupés dans l’ouvrage de MM. Le Maout et Decaisne. Les parties organographique, anatomique et physiologique décrivent la plante et les phénomènes de la vie végétale avec une autorité de langage que justifient d’innombrables observations personnelles.

La seconde partie, appelée atlas de botanique, reproduisant et complétant une publication précédente de l’un des auteurs de l’ouvrage, est particulièrement faite pour intéresser en même temps que pour instruire. C’est l’histoire illustrée de toutes les familles végétales appartenant, aux trois classes des dicotylédonées, des monocotylédonées et des acotylédonées. Au-dessous de la représentation des organes constituant les principales espèces-types dont se compose chaque famille, se trouve la description des particularités qui caractérisent cette dernière, puis les subdivisions en tribus et en genres, enfin, et c’est ici le côté pratique de l’ouvrage, l’énumération des propriétés diverses des végétaux qui s’y rattachent. Parmi ces familles, il en est de fort remarquables. La première, c’est-à-dire la plus élevée dans la hiérarchie végétale, est celle des composées, qui comprend, entre autres plantes bien connues, le pissenlit, la laitue, la chicorée, le salsifis, le chardon, l’artichaut, le souci, le chrysanthème, la camomille, le dahlia, la pâquerette. Ces composées, dont on connaît aujourd’hui plus de dix mille espèces, constituent la dixième partie de tous les végétaux cotylédonés. Elles habitent particulièrement les régions chaudes et tempérées, et abondent surtout en Amérique. Les végétaux de cette famille contiennent pour la plupart un principe amer combiné avec une résine ou une huile volatile, et, selon les proportions réciproques de ces élémens, sont doués de vertus médicales différentes. Plusieurs espèces du genre armoise (absinthe, aurone, estragon), doivent à leur arôme et à leur amertume des propriétés stimulantes très prononcées. Les camomilles sont fébrifuges et antispasmodiques. La pyrèthre, espèce méditerranéenne, contient dans sa racine une résine et une huile très acre qui la font employer dans les maladies des gencives et des dents. L’arnica active les fonctions de la peau. L’ayapana de l’Amérique du Sud fournit un remède souverain contre la morsure venimeuse des serpens.

Les rubiacées, quoique moins riches que les composées, renferment quelques plantes qui les ont à jamais rendues célèbres. On le comprend de reste lorsqu’on sait que c’est à cette famille qu’appartiennent la garance, le céphaélis ipécacuanha, le quinquina et enfin le caféier. La garance, particulièrement cultivée en France, est bien connue à cause du principe colorant d’un beau rouge que fournissent ses racines, et qui, réduit à l’état pur par une opération chimique, est nommé alizarine. Quant aux trois autres rubiacées, elles sont exotiques. Le céphaélis est un petit arbrisseau des forêts vierges du Brésil, dont l’écorce d’une saveur acre fournit un précieux médicament ; mais c’est aux