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d’autorité. L’ultramontanisme, qui forme l’extrême droite des autoritaires catholiques, ne comptait, en France, il y a quelques années, que peu de partisans ; il est si bien prépondérant aujourd’hui qu’il semble être à lui seul tout le catholicisme. L’infaillibilité personnelle du pape a été introduite sans protestation dans la croyance à la faveur d’un dogme nouveau. C’est là un point que le concile de Trente, bien résolu pourtant à donner à l’église romaine une vigoureuse cohésion, n’avait pas concédé au souverain pontife. Les temps sont-ils plus menaçans qu’à l’issue de la guerre de trente ans, puisque la république catholique, comme l’ancienne Rome quand le sénat avait proclamé le tumulte gaulois, a voulu se donner un dictateur ? Non sans doute. Ce qui fait l’essence du catholicisme ne court pas plus de danger aujourd’hui qu’alors. Quant aux doctrines autoritaires au sort desquelles il a l’imprudence de paraître lier le sien, le catholicisme, et c’est ce qu’on peut lui souhaiter de plus heureux, n’est peut-être pas aussi décidé à les défendre à outrance que M. Huet le pense, et que cette attitude de lutte semblerait l’indiquer. Il en est parfois des religions comme pendant l’hiver des rivières. On est tenté de les croire pétrifiées, elles ne sont que congelées. Un beau matin, après plus ou moins de craquemens, on les. voit se remettre en marche vers le but mystérieux où il n’est pas impossible qu’elles se réunissent quelque jour.


ALFRED EBELOT.



Traité général de Botanique descriptive et analytique, par MM. Emm. Le Maout et J. Decaisne 1 vol, in-8o ; Firmin Didot, 1868.


L’histoire des progrès de la botanique forme l’un des chapitres les plus intéressans de l’histoire naturelle. Ce n’est que fort lentement que s’est développée cette science, presque aussi antique que l’humanité, puisque dans les plus vieux temples indiens l’on retrouve des noms de plantes accolés à de fantastiques figures végétales. C’est de la renaissance que date vraiment la botanique. Fuchs, Tragus et quelques autres botanistes, plus tard Gessner, Clusius, les Bauhin, Camérarius, découvrent des analogies entre les végétaux, tentent des rapprochemens organiques, essaient, avant Tournefort, de jeter les bases d’une classification sérieuse. L’anatomie et la physiologie végétales, créées par Leuwenhoeck, Malpighi, Grew et Hales, la langue philosophique trouvée par Charles Linné, l’établissement des familles naturelles enfin, auquel les Jussieu ont attaché leur nom impérissable, assignent à la botanique le rang élevé où l’ont glorieusement maintenue les nombreux savans qui, en Allemagne, en France et en Angleterre, accumulent depuis le commencement du siècle leurs travaux et leurs découvertes. Ce sont ces découvertes et ces travaux qui se trouvent résumés et méthodiquement