Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/508

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces chiffres ne sont pas exactement ceux que donne M. Barral, parce qu’il a cru devoir faire une moyenne de onze années ; mais cette moyenne ne suffit pas pour faire connaître le dernier état de Masny, puisque la culture y a été constamment progressive. J’ai cherché à dégager les derniers résultats. Il y a aussi entre nous une petite différence dans la manière de calculer le produit brut. M. Barral fait une distinction fort juste entre ce qu’il appelle le produit brut cultural et le produit brut social, le premier comprend les pailles et semences, qui ne sont pas comprises dans le second ; mais faut-il déduire aussi l’équivalent des alimens et des engrais importés ? Pour mon compte, j’ai toujours ajouté au passif des cultures les alimens et les engrais achetés, en les comprenant dans ce que j’appelle les frais accessoires, et j’ai dû par conséquent porter à l’actif tous les produits réalisables.

D’après ce qui précède, la rémunération de l’exploitant de Masny s’élèverait aujourd’hui à 56,000 francs par an : 18,000 francs pour l’intérêt du capital d’exploitation, 6,000 francs pour le loyer des bâtimens, et 32,000 francs pour le bénéfice proprement dit, soit 11 pour 100 environ de son capital, bâtimens compris, et 11 pour 100 de son capital d’exploitation proprement dit. J’ai ici une dernière observation à faire : M. Barral porte l’intérêt du capital d’exploitation dans les frais accessoires, tandis que je l’ai toujours confondu avec le bénéfice du fermier ; on peut le distinguer si l’on veut, mais alors il faut en faire un article à part.

Même accrue de l’intérêt du capital d’exploitation, la part de l’exploitant n’excède pas en moyenne en France le dixième du produit brut et en Angleterre le cinquième. À Masny, elle atteint le tiers. En revanche, la rente du sol, qui prend ordinairement le tiers, n’y atteint pas tout à fait le sixième, et la part des salaires et autres frais, qui dépasse en général la moitié, reste un peu au-dessous. Les 80,000 francs de frais de culture et d’entretien se divisent ainsi :

Engrais importés 20,000 francs.
Nourriture 20,000
Salaires divers 40,000

En divisant le tout par hectare de superficie, on trouve à peu près le résultat suivant :

Rente du sol 131 francs.
Intérêt du capital 78
Loyer des bâtimens 26
Impôts 18
Frais accessoires 174
Salaires 174
Bénéfice 139

Total 740 francs.