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l’engraissement des bêtes à cornes et des moutons. M. Fiévet achète en bétail maigre et le revend engraissé. 500 têtes de gros bétail et 2,400 moutons passent ainsi tous les ans dans ses étables ; l’engraissement dure environ trois mois, ce qui suppose une moyenne de 125 bêtes à cornes et de 600 moutons à la fois. Le bénéfice obtenu par cette opération se compose principalement du fumier produit par les animaux.

Somme toute, le produit brut des cultures et du bétail, abstraction faite de la sucrerie, s’élève à 850 francs par hectare, ou 200,000 francs en tout ; il est vrai que dans ce total sont comprises les pailles et les semences. Le produit brut réalisable en argent paraît être de 170,000 francs, ou 740 francs par hectare. De si beaux résultats ne s’obtiennent pas sans un puissant capital d’exploitation. M. Barral le porte à 370,000 francs, et avec les bâtimens à 500,000 francs en tout. Ce gigantesque capital se partage inégalement entre les quatre destinations qu’il doit recevoir : 1o le cheptel vivant (chevaux et bétail), 2o le cheptel mort (instrumens aratoires), 3o les engrais et les récoltes en terre, 4o les récoltes en magasin et l’argent en caisse. La collection des machines est en particulier complète et magnifique.

Voilà certes un des plus beaux exemples de grande culture qu’on puisse voir, on doit remercier M. Barral de nous l’avoir fait connaître. Une comptabilité tenue avec soin lui a permis de pénétrer dans les moindres détails. Après avoir établi les résultats généraux, il les compare avec ceux que j’ai donnés pour la France et l’Angleterre prises dans leur en-. semble, et fait ressortir pour Masny une grande supériorité. J’ai seulement une petite rectification à faire qui réduit un peu la différence sans rien changer au fond des choses. Quand j’ai évalué à 100 francs par hectare le produit brut moyen de l’agriculture en France, j’ai compris dans le calcul la surface entière du territoire, sans en déduire les terres incultes et les bois. La terre cultivée rapporte 150 francs par hectare, ce produit s’élève à 200 dans la région du nord-ouest, et dépasse 300 dans le département du Nord. Même observation pour l’Angleterre, dont le produit brut doit être porté à 250 francs pour les terres cultivées, et s’élève quelquefois jusqu’à 500. C’est à ces chiffres qu’il faut comparer le rendement de Masny ; il est encore énorme.

Étant donnés 170,000 francs de produits réalisables, ils se distribuent approximativement ainsi :

Rente du sol 30,000 francs
Intérêt du capital d’exploitation 18,000
Loyer des bâtimens 6,000
Impôts. 4,000
Frais de culture et d’entretien 80,000
Bénéfice de l’exploitant 32,000

Total 170,000 francs