Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/506

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un simple coup d’œil sur la distribution des cultures montre tout d’abord le caractère exceptionnel de la ferme de Masny :

Betteraves 78 hectares.
Blé 75
Lin 23
Avoine 15
Prairies artificielles 12
Hivernages 14
Prairies naturelles 3
Seigle 6
Jardins, bâtimens, chemins 6

Total 232 hectares.

Ce qui frappe ici, c’est l’absence à peu près complète de prairies naturelles, l’étendue relativement restreinte des prairies artificielles et des hivernages (mélanges de seigle et de vesces qu’on coupe en vert pour le bétail), et l’extension donnée à la culture de la betterave. Une fabrique de sucre est annexée à la ferme, ou, pour mieux dire, la ferme est annexée à une fabrique de sucre ; La betterave produit à Masny 50,000 kilos à l’hectare, ce qui, à 20 francs les 100 kilos, donne un produit brut de 1,000 francs. Malgré ce beau rendement, les racines récoltées dans la ferme ne forment que le quart environ de l’approvisionnement de la sucrerie ; on y traite annuellement de 10 à 20 millions de kilos de betteraves, et on y fabrique jusqu’à 10,000 sacs de sucre. Toutes les pulpes, résidus de cette fabrication, sont revendues à la ferme à raison de 12 francs 50 centimes les 100 kilos, et servent à la nourriture du bétail. Les eaux de l’usine sont employées en irrigations, ce qui fournit une abondante source d’engrais.

Le blé couvre à peu près la même étendue que la betterave ou le tiers environ du sol de la ferme, et donne en moyenne 32 hectolitres à l’hectare ; dans les bonnes années, le rendement s’est élevé à 38 hectolitres, et sur quelques points jusqu’à 59 ; en y comprenant la paille, le produit brut du blé atteint presque celui de la betterave, ou 1,000 francs par hectare. Le lin s’élève encore plus haut ; il donne un produit moyen de 1,200 à 1,500 fr. Les autres cultures disparaissent devant celles-là. L’avoine rapporte 60 hectolitres à l’hectare, et monte quelquefois jusqu’à 80 ; mais, le bas prix de ce grain fait que le bénéfice final est restreint. Le seigle ne sert qu’à fournir la paille pour les liens nécessaires à la moisson ; on ne fait pas de pommes de terre, quoique le département du Nord en produise beaucoup.

M. Fiévet cultive avec des chevaux ; il a 37 chevaux de travail. La vacherie a peu d’importance, elle se compose de 7 vaches flamandes dont le lait sert uniquement à ta consommation de la ferme. Il n’y a pas de porcherie à proprement parler. La véritable spéculation consiste dans