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de la mer des Antilles, dont les sépare une simple lisière de forêts.

Jusqu’à nos jours, aucune des tentatives faites sur plusieurs points pour ouvrir un second chemin de fer ou même une grande route carrossable à travers l’un des isthmes de l’Amérique centrale n’a été menée complètement à bonne fin. La route de Tehuantepec, où pendant quelques mois de l’année 1860 se sont hasardées les voitures publiques, et que devait remplacer un chemin de fer concédé à une compagnie louisianaise, est maintenant abandonnée, obstruée par les troncs renversés, envahie par la végétation. Le chemin de fer du Honduras, qui doit unir le golfe du Mexique à la baie de Fonseca, et qui a sur la voie de Tehuantepec l’inestimable avantage d’aboutir des deux côtés à d’excellens ports, n’existe qu’en projet ; c’est seulement dans les derniers jours de l’année 1867 que les ingénieurs sont partis pour prendre possession des terrains et commencer les travaux. Le chemin de fer futur, dont la neutralité est garantie par un traité spécial entre les États-Unis, l’Angleterre et la France, ne semble pas d’ailleurs devoir rencontrer de difficultés particulières ; les marais sont peu nombreux, le climat est salubre, le sol est l’un des plus fertiles du monde entier, et, grâce à cette extrême fécondité, pourra bientôt se couvrir de magnifiques cultures. De part et d’autre les montagnes s’écartent comme pour faciliter l’établissement de la voie. Sur toute la longueur du chemin, qui est de 350 kilomètres, il n’y aura point de tunnel à percer, et les rampes les plus fortes, qui montent vers le plateau de Comayagua, capitale de la république, ne dépassent pas 18 millimètres par mètre sur un parcours d’environ 4 lieues. Pour trouver les capitaux nécessaires à la construction de la première section de la voie, le gouvernement de la république a fait un emprunt de 25 millions de francs sur le marché de Londres, avec l’espoir de trouver le reste du capital d’établissement, soif environ 20 millions, par la vente des bois d’acajou que traversera le chemin de fer.

Au Nicaragua, la voie ferrée dont un capitaine anglais, M. Bedford Pym, a demandé la concession n’est guère plus avancée que celle du Honduras. Depuis une année à peine, un sentier frayé par quelques explorateurs au péril de leur vie parcourt la forêt vierge du port futur de Punta-Mico, sur l’Atlantique, à San-Miguelito, sur la rive orientale du lac de Nicaragua, et c’est au commencement de cette année seulement que des constructeurs de New-York se sont présentés pour entreprendre sérieusement les travaux. Au sud, le territoire du Costa-Rica, beaucoup plus étroit, mais aussi plus élevé en moyenne que celui du Nicaragua, n’est pas non plus traversé en entier par une grande voie de communication. En 1849 déjà, le gouvernement de la république avait concédé à un citoyen