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surnomment le gardien des légions du ciel et de la terre ; il est l’inspecteur du firmament. Pour les Sabéens, dont les croyances sont empreintes de souvenirs de la théogonie chaldéenne, il se confond avec la planète Mercure. Les rois de Babylone se plaçaient sous la protection spéciale de Nébo ; aussi son nom entre-t-il en composition dans celui de plusieurs d’entre eux, Nabopolassar, Nabuchodonosor[1], Nabonid. A Babylone, on lui assignait pour épouse une déesse lunaire appelée Nana, dont le culte était répandu dans toute l’Assyrie. On a découvert à Nimroud des images colossales de ce dieu exécutées par ordre de Bélochus IV. Ninip-Samdan est le héros des exploits divins, le dieu qui réduit les ennemis. Une inscription retirée de la partie du palais de Khorsabad qui paraît avoir été le harem contient une curieuse invocation de Sargon à cette divinité des combats. Nergal s’en rapproche par les attributs, car on lui donne les épithètes de piétineur, de maître des mêlées. Ao est l’impénétrable, le seigneur des mystères, quelque chose comme le Knouphis égyptien. Bel-Dagon, qualifié de père suprême des dieux, est le créateur, l’architecte du monde ; il a pour épouse Taaiith, la mère des grands dieux, qui personnifie vraisemblablement la matière. Tous les dieux reçoivent le titre générique de Bel, toutes les déesses celui de Mylitta, nom que les Grecs avaient pris pour celui d’une divinité spéciale. Celle qu’ils ont ainsi appelée est Zarpanit, déesse qui présidait à la fécondité et à la gestation ; c’est elle qu’ils assimilèrent à Vénus, et dont le culte infâme consacrait la prostitution. Le nom également. générique d’Astaroth appartient à toutes les déesses stellaires, entre lesquelles se place au premier rang Istar, la reine du ciel et de la terre, celle qui juge les héros.

Les prières aux divers membres du panthéon assyrien remplissent une foule de textes épigraphiques, car c’était sous la garde des dieux que les monarques mettaient leur demeure comme leur autorité. « Puisse Assour, le père des dieux, bénir ces palais en donnant à ses images un éclat spontané ! que jusqu’aux jours les plus reculés il veille sur les issues ! » s’écrie Sargon dans la grande inscription traduite par MM. Oppert et J. Menant. La religion présidait à la construction des édifices, ainsi qu’à tous les actes principaux de la vie de l’Assyrien. Les rois déposaient sous les fondations de leurs palais des amulettes destinées à en assurer la durée. Un des plus intelligens explorateurs de Khorsabad, M. V. Place, qui a publié sur ces fouilles un savant ouvrage, déterra sous les grands taureaux de la porte, dans une couche de sable fin, une multitude de

  1. Ce coi s’intitule l’adorateur de Nébo.