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vague de Scythes ; ils ont été certainement les ancêtres des Parthes, dont l’empire remplaça celui des Perses, et que plusieurs traits de mœurs, notamment leur façon de combattre, rapprochent des modernes Baschkirs, dès Kirghises, sortis aussi de la souche touranienne. Tel est l’ensemble des motifs qui a fait substituer l’épithète de médo-scythique à celle de médique, appliquée d’abord à la langue de l’écriture cunéiforme de la seconde espèce.

J’ai dû, dans l’aperçu des recherches dont cet idiome a été l’objet, anticiper un peu sur les résultats obtenus par le déchiffrement de l’écriture assyrienne, car on n’a pu se faire une idée complètement exacte du médo-scythique qu’après avoir pénétré dans la connaissance dès cunéiformes assyriens, qui a permis d’éclairer plusieurs obscurités dont la seconde écriture demeurait enveloppée. Comme la langue assyrienne nous est beaucoup plus intelligible que le touranien de Médie, les textes de l’une ont servi à expliquer ceux de l’autre.

L’étude de l’écriture de la troisième espèce constitue plus spécialement le domaine de l’assyriologie. Les fouilles de MM. Botta et Layard, les conquêtes des expéditions que leurs découvertes firent envoyer sur les bords de l’Euphrate et du Tigre par la France et l’Angleterre, ont fourni à cette science ses plus nombreux et ses plus puissans moyens d’investigation. Les philologues, avant de recueillir une si riche moisson, n’étaient pas toutefois restés inactifs à l’endroit des cunéiformes assyriens. Les textes persépolitains étaient à peine compris que ces caractères exerçaient déjà leur sagacité. Grotefend lui-même, dès le début, avait porté son attention sur la troisième écriture. D’autres, plus de trente ans après, en continuèrent le déchiffrement. S’ils ne s’étaient avancés que de quelques pas sur cette longue route, dont on est loin d’avoir atteint le terme, les progrès ultérieurs ont du moins montré qu’ils ne s’étaient peint égarés, et les noms de MM. Botta, de Longpérier, de Saulcy, Hincks, sont inscrits aux premières haltes que la science a dû faire dans cette difficile pérégrination. Ces hommes éminens n’avaient lu que des inscriptions isolées ; c’est à sir Henry Rawlinson en Angleterre, à M. Jules Oppert en France, que nous devons véritablement la connaissance du système graphique assyrien tout entier. Quelques autres ont marché sur leurs traces et apporté chacun une pierre nouvelle à l’édifice, mais l’officier anglais et l’orientaliste allemand doivent en être regardés comme les véritables architectes. L’un et l’autre avaient préludé par une exploration du sol assyrien aux recherches qu’ils ont poursuivies dans leur cabinet ; le premier était servi par une grande sagacité naturelle et un remarquable esprit d’observation, le second était préparé à des travaux originaux par cette forte éducation philologique que l’Allemagne sait donner,