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de l’architecture et de la sculpture asiatiques. Or ces inscriptions appartenaient à l’écriture de la troisième colonne des textes trilingues, circonstance qui prouvait qu’il y fallait reconnaître l’écriture des Assyriens. Quant à l’écriture adoptée dans la seconde colonne, l’idée qui se présenta le plus naturellement, c’est qu’elle avait été celle des Mèdes, une des trois grandes nations de la région de l’Asie soumise à la domination du roi des rois, les Perses et les Assyriens constituant les deux autres. C’est à cette seconde catégorie d’écriture que s’attachèrent de préférence les philologues, une fois en possession du sens des textes iraniens. Le système graphique de la seconde espèce semblait ; en effet à première vue moins compliqué que celui de la troisième. Strabon dit que l’idiome des Mèdes différait peu de celui des Perses ; la connaissance de ce dernier idiome donnait donc à espérer qu’on arriverait plus aisément à l’intelligence des textes réputés médiques. Les idées étaient au contraire loin d’être fixées sur le caractère de l’assyrien ; tandis que les uns, et c’était le plus grand nombre, en admettaient l’identité ou du moins, la grande affinité avec le chaldéen, qui nous est connu par certaines parties de la Bible et les Targums, les autres prétendaient le rattacher à la famille indo-européenne.

Un compatriote de Münter, plus versé que lui dans la connaissance des langues de l’Asie, Westergaard, reprit l’étude des textes cunéiformes. Au retour d’un voyage entrepris dans l’Inde et la Perse, il publia en 1844 un important travail sur ce sujet. Par une comparaison attentive, il était parvenu à distinguer dans les textes soi-disant médiques les groupes correspondant aux noms propres des textes persépolitains qui les accompagnent. Il put de la sorte suivre sur la phrase iranienne connue et expliquée la phrase supposée médique non encore débrouillée. Les noms propres lui fournirent la valeur phonétique d’un grand nombre de signes. Hincks en Irlande, M. de Saulcy en France, perfectionnèrent les résultats obtenus par le savant danois ; mais il fallut attendre qu’on eût entre les mains une copie exacte du texte de la grande inscription de Bisoutoun pour arriver à saisir les formes grammaticales et à analyser les phrases dont les textes persépolitains nous présentaient la traduction. Cette copie fut publiée par un savant anglais, M. Norris, dans la version qu’il a donnée du texte de la seconde colonne de l’inscription de Bisoutoun, version que M. Oppert a adoptée en la corrigeant. On avait donc, en peu d’années, beaucoup ajouté aux premières découvertes de Westergaard. Les valeurs des signes qu’il avait déterminées furent confirmées pour la plupart ; les investigations des érudits que je viens de nommer, auxquels il est juste d’ajouter trois doctes Allemands, MM. Holtzmann, Haug et Spiegel, nous munirent peu à peu, non pas d’un alphabet proprement dit,