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et auquel, tout en respectant scrupuleusement le texte des bénédictins, il fit en appendice de précieuses annotations. En même temps il provoquait par tous les moyens qui étaient à sa disposition la recherche des textes nouveaux. Il dirigeait pour une grande part le vaste travail d’enquête que le gouvernement du roi Louis-Philippe, avec une libéralité qu’on ne peut assez reconnaître, faisait faire sur nos antiquités littéraires. Il prenait une part considérable aux travaux des comités historiques établis près le ministère de l’instruction publique, et à ceux du conseil de la Société de l’histoire de France. Nommé par M. Villemain président de la commission chargée de faire exécuter le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques de départemens, il revit le premier volume de cette grande collection, y fît des rectifications considérables et y inséra, sur un important ouvrage grammatical dont la bibliothèque de Laon possède le manuscrit, un mémoire où se retrouve le latiniste consommé. L’imprimerie impériale, lors de l’exposition universelle de 1855, ayant résolu de donner comme spécimen de ce qu’elle savait faire un texte de l’Imitation de Jésus-Christ, M. Le Clerc dirigea et surveilla cette magnifique édition. Il y ajouta de précieuses notes sur l’âge et l’origine du livre, qu’il attribuait à la plus belle époque du moyen âge, et qu’il croyait être sorti, pour la plus grande partie du moins, d’une plume française. Sans vouloir trancher la question, M. Le Clerc osait dire que quand un bon paléographe voudrait la traiter d’après les manuscrits et en s’aidant des résultats acquis sur l’histoire littéraire du moyen âge il arriverait à des résultats définitifs.


III

Jamais carrière fut-elle mieux remplie ? Et cependant nous n’avons dit encore que la moitié de la vie de notre savant maître. Son passage au décanat de la faculté des lettres fut marqué en traits non moins durables que son passage dans la commission de l’Histoire littéraire. Il porta dans ces fonctions sa parfaite droiture, son dévouement sans bornes- au bien et au vrai. Les examens pour la licence et le doctorat devinrent, grâce à lui, de très solides épreuves qui élevèrent sensiblement le niveau des études universitaires. Jusque-là les thèses pour le doctorat, à très peu d’exemples près, étaient d’insignifiantes compositions, dénuées de toute valeur le lendemain du jour de la soutenance. Par l’influence de M. Le Clerc, les thèses devinrent des livres ; il ne fut plus permis de se renfermer dans le cercle commode des redites et des lieux communs ; apporter à la faculté quelque chose de nouveau fut une