Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 74.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.


DARWIN
ET SES CRITIQUES




I. The Origin of species, par Darwin. — II. La Variabilité des espèces et ses limites, par M. Faivre. — III. The Reign of Law, par le duc d’Argyle. — IV. Le Matérialisme contemporain, par M. Paul Janet. — V. Journal des Savans, articles de M. Flourens : De l’Origine des espèces et des lois du progrès chez les êtres organisés. — VI. Agassiz, On the Origin of species.




Les discussions scientifiques n’ont pas souvent le don d’émouvoir les ignorans : aussi y aurait-il lieu de s’étonner de la popularité rapide du nom de Darwin et de l’émoi que ses idées ont jeté dans le monde philosophique, si l’égoïsme humain n’avait trouvé au fond de ses doctrines quelque chose qui l’intéresse et qui le touche de près. En essayant de résoudre le grand problème de l’origine des espèces, Darwin ne pouvait exclure en effet l’espèce humaine du sujet de ses recherches : son système n’est qu’une théorie nouvelle de la création, et, si la théorie est bonne, elle doit pouvoir s’appliquer à l’homme comme à tous les animaux. Sur ce point délicat, l’origine de l’homme, M. Darwin a eu beau rester sur la réserve et conserver un silence énigmatique, les commentateurs, les disciples d’une part, les adversaires de l’autre, ont poussé le système jusqu’à ses dernières conséquences logiques, et sur leur foi un grand nombre d’esprits croient ces conséquences injurieuses pour notre espèce, attentatoires à notre grandeur et à notre dignité. Savant modeste, laborieux et patient, vivant comme un sage dans sa terre de Kent, épiant les secrets des fleurs, des insectes, des oi-