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MLLE MERQUEM

QUATRIEME PARTIE (1).

Le vieux majordome n’attendit pas que je lui eusse parlé d’une affaire pressée que j’avais à communiquer à sa maîtresse. Mademoiselle avait prévu que je me présenterais ; elle avait donné l’ordre de m’introduire. Ainsi elle m’attendait ! J’étais si troublé que j’eusse souhaité retenir Stéphen, mais il se retira vite en me disant : Si vous avez quelque chose à me communiquer, vous savez où me trouver.

Célie était seule au salon. Elle ne recevait que moi, personne ne viendrait nous interrompre ; mais ce moment si ardemment espéré était arrivé sur les ailes du désespoir.

Elle me reçut avec une sorte de joie contenue ; son regard, que je n’osais chercher, appelait courageusement le mien. Je me présentais avec le trouble de l’accusé, elle avait presque la bienveillante sérénité du juge ; elle me tendit la main en disant : Vous voilà déjà ? c’est bon signe. Nous allons pouvoir parler raison.

— Vous m’attendiez ! lui dis-je.

— Oui, je savais bien que vous ne partiriez pas sans me dire un bon adieu, auquel j’ai droit.

— Où prenez-vous que je vais partir ? On m’a dit que vous ne l’exigiez pas.

— Ah ! si vous restez, c’est que la guérison est soudaine et radicale. Je l’aime mieux ainsi , c’est plus franc et plus sûr. Alors c’est là ce que vous venez m’annoncer et me promettre ?

(1) Voyez la revue du 15 janvier, du 1er et du 15 février.