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LE
JAPON EN 1867

II.
LE REGIME POLITIQUE ET L'ETABLISSEMENT DES EUROPEENS.

C’est aux États-Unis que revient l’honneur d’avoir ouvert le Japon aux étrangers. Jusqu’en 1853, époque à laquelle parut l’escadre du commodore Parry, nous ne le connaissions que par les récits des Hollandais renfermés dans l’île de Décima, où ils avaient obtenu le droit exclusif de commerce. L’Europe recevait d’eux les produits indigènes, et le Japon s’initiait par leur intermédiaire aux progrès de notre vieille civilisation. Pour le peuple japonais, après les Chinois, il n’y avait d’autres étrangers que les Hollandais. Leur langue était la seule répandue dans le pays, les caractères et les chiffres européens étaient des caractères et des chiffres hollandais. Du reste les deux peuples vivaient en parfaite intelligence et ne s’occupaient absolument que de trafic ; de temps à autre, quelques marchands hollandais traversaient le Japon, se rendant à Yeddo ; on les montrait aux indigènes comme des objets de curiosité, et eux-mêmes, n’ayant aucun caractère officiel qui pût leur donner une dose exagérée d’amour-propre, se pliaient avec insouciance aux fantaisies de leurs cicérones. Pendant nos guerres de l’empire, alors que la Hollande avait cessé d’exister, on la retrouvait intacte