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LESSING



I. Le Christianisme moderne, études sur Lessing, par M. Ernest Fontanès ; Paris 1867. — II. Lessing et le Goût français en Allemagne, par M. L. Crouslé ; Paris 1863. — III. Lessing, sein Leben und seine Werke, 4e édition ; Berlin 1866. — IV. Lessing’s Nathan der Weise, von Kuno Fischer ; Stuttgart 1864. — V. Lessing’s Nathan der Weise, von D. Fr. Strauss ; Berlin 1866. — VI. Ueber G. Ephraïm Lessing, von W. Dilthey (Preussische Jahrbücher, février et mars 1867.)


I.

Macaulay, dans son essai sur Addison, proclame Lessing le plus grand critique du XVIIIe siècle. Un écrivain allemand, renchérissant sur l’historien anglais, considère l’auteur de la Dramaturgie et du Laocoon comme le créateur de l’esthétique moderne, comme le Moïse ou le Solon de l’art et de la poésie, et lui rend grâces de nous avoir laissé dans un de ses écrits philosophiques l’évangile de la pure humanité. Mme de Staël s’était contentée de dire : « Lessing est un esprit neuf et hardi, et qui reste néanmoins à la portée du commun des hommes ; sa manière de voir est allemande, sa manière de s’exprimer européenne. » Cet éloge plus discret aurait été, j’imagine, du goût de Lessing. Les grands esprits du siècle passé ont fait la guerre aux superstitions ; c’est mal honorer leur mémoire que de leur rendre un culte superstitieux. Non, Lessing ne peut nous servir ni de législateur ni d’évangéliste ; entre nous et lui, il y a cent ans bien remplis et une révolution qui a tout renouvelé. Une partie considérable de son œuvre a vieilli, sa méthode ne répond plus à nos besoins ; sur bien des points, ses enseignemens ont été dépassés ou contredits. Au XIXe siècle, la critique est l’art