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d’un grand observatoire de ne découvrir ni planètes ni comètes ; ils ont mieux à faire. Toutefois les recherches de ce genre n’ont pas été entièrement mises de côté à Paris. On y a découvert de nombreuses comètes, parmi lesquelles la plus intéressante est celle qui porte le nom de M. Faye. La recherche des planètes a été organisée efficacement, Sur la terrasse du midi s’élèvent deux pavillons surmontés de coupoles tournantes et réunis par une galerie ; ils renferment deux lunettes équatoriales de 8 et de 9 pouces d’ouverture[1], dont l’une est mue par un mouvement d’horlogerie. C’est à l’aide de ces instrumens que M. Chacornac a découvert à Paris cinq petites planètes et qu’il a construit ses belles cartes des régions zodiacales, si utiles pour la recherche des petits astres nouveaux. Les trente cartes déjà publiées renferment plus de 50,000 étoiles ; il resterait encore plus de quarante cartes à achever pour faire le tour du ciel. Les deux équatoriaux en question ont servi en outre à une étude activement poursuivie des taches du soleil.

Sur la tour de l’est se trouve depuis 1857 un troisième équatorial muni d’un objectif de 14 pouces. M. Loewy a employé cet instrument d’une manière assidue à fixer les positions des planètes et des comètes par rapport aux étoiles voisines ; les étoiles servent de repère, les distances se mesurent à l’aide d’un micromètre. La tour de l’ouest abrite depuis quinze ans le pied d’un équatorial aveugle, dont l’histoire est assez curieuse. Le bureau des longitudes avait acquis moyennant 25,000 francs un objectif de Lerebours, de 14 pouces d’ouverture, dont on se promettait merveille. La grande lunette de Poulkova n’a pas une dimension plus considérable. Pour le monter et l’établir sur la tour occidentale sous une coupole tournante, Arago demanda un crédit de 90,000 francs qui fut accordé. La charpente construite et la coupole installée, il se trouva que l’objectif était moisi ; l’humidité avait détruit les surfaces.

Dans ces dernières années, la construction des instrumens astronomiques a fait un pas de plus vers la perfection, grâce aux études que M. Léon Foucault a entreprises sur les procédés de fabrication des grands objectifs et des miroirs de télescopes. L’Observatoire impérial possède deux télescopes à miroirs de verre argenté qui ont été construits par cet habile physicien. Un troisième, de dimensions gigantesques (le miroir n’a pas moins de 80 centimètres d’ouverture), a été envoyé à Marseille, où il est établi sous un dôme tournant. L’immense tube de bois, alourdi encore par le bloc de verre dans lequel on a taillé le miroir, tourne docilement sous

  1. On appelle lunette équatoriale une lunette montée sur deux axes, dont un parallèle à l’axe du monde, et qui peut tourner librement dans tous les sens. Conduite par un mouvement d’horlogerie, la lunette équatoriale peut suivre l’étoile, qui reste alors immobile dans le champ.