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perdus pour l’avancement des théories. Quelle hauteur aurait pu atteindre l’astronomie observatrice en France, si Picard et Roemer l’eussent inaugurée dans un observatoire disposé pour les besoins de la science, où des hommes tels que La Caille et Lalande auraient été leurs successeurs !

Le comte de Cassini, quatrième du nom, avait enfin compris qu’il était urgent de faire subir à l’Observatoire de Paris une transformation propre à l’élever au niveau de la science de ce temps, quand ses opinions politiques, très arrêtées, l’écartèrent de la scène. Le 30 août 1793, la convention décréta que l’Observatoire serait désormais confié à quatre personnes qui prendraient à tour de rôle pendant une année le titre et les fonctions de directeur, mesure absurde et dont l’exécution eût paralysé tout élan. Les quatre personnes désignées furent Cassini et ses trois élèves. Cassini donna aussitôt sa démission ; à peine l’eut-il fait, qu’il reçut l’ordre de quitter l’Observatoire dans les vingts-quatre heures. L’année suivante, il fut mis en prison ; mais la réaction de thermidor l’en fit sortir après une détention qui avait duré sept mois et demi. Bouvard lui avait succédé comme directeur temporaire. En 1795, ce dernier fut remplacé par Jérôme de Lalande. Le 25 juin de la même année fut rendu le décret qui constituait le bureau des longitudes, ayant pour attributions spéciales de suivre les progrès de l’astronomie dans l’intérêt de la marine, de diriger les observatoires et d’en créer de nouveaux, de publier la Connaissance des temps et de veiller à ce qu’il y eût un cours public d’astronomie.

Le bureau des longitudes s’occupa immédiatement de la restauration de l’Observatoire. Méchain dirigea les réparations des bâtimens et l’installation des nouveaux instrumens, parmi lesquels se trouva enfin une petite lunette méridienne de Lenoir[1]. Les observations commencèrent à être poursuivies d’une manière régulière à partir de 1800. En 1822, la munificence du duc d’Angoulême dota l’Observatoire du grand cercle mural de Fortin ; la petite lunette méridienne a été remplacée successivement par un instrument de Ramsden et par une lunette de Gambey d’une puissance médiocre, mais d’une exécution très parfaite. L’édifice même ne reçut dans les trente années qui suivirent aucune amélioration digne de remarque ; on se contenta de démolir les misérables bâtimens qui le masquaient de toutes parts. C’est aussi pendant cet intervalle que l’on exécuta la belle avenue qui conduit de l’Observatoire au Luxembourg, le remblai formant au midi la terrasse plantée, si propre aux observations magnétiques, enfin les grilles et les murs

  1. Deux quarts de cercle payés chacun 10,000 francs, un télescope de 22 pieds, un équatorial d’Hautpois, qui avait aussi coûté 10,000 francs, complétaient l’arsenal astronomique de l’Observatoire à cette époque.