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entraîné la rupture des plates-formes et des voûtes, que l’infiltration des eaux pluviales crevassait sans qu’on fît la moindre tentative pour les réparer. Les murailles tombaient pièce à pièce ; on ne se hasardait plus à pénétrer dans les salles qu’avec des précautions extrêmes, surtout par les temps de dégel. Les sollicitations incessantes du comte de Cassini, qui s’appuyait sur les rapports de l’Académie des Sciences, arrachèrent enfin à MM. de Breteuil et d’Angivillers une promesse de restauration. Cassini voulait d’ailleurs profiter de cette occasion pour faire subir à l’Observatoire une transformation profonde qui l’aurait mis au niveau des établissemens modernes : il proposait de raser l’étage supérieur, dont la grande élévation est au point de vue astronomique, un vice rédhibitoire. M. d’Angivillers repoussa cette idée. « L’œuvre de Perrault, disait le ministre, devait, à cause de sa masse imposante et de son style sévère, être rangée parmi les principaux ornemens de la capitale ; il n’était pas possible de proposer sérieusement à Louis XVI de faire détruire un monument érigé par son aïeul et qui n’avait pas encore cent ans d’ancienneté, un monument où d’ailleurs le grand roi était allé observer en personne. » Il fut décidé en conséquence que rien ne serait changé aux dispositions générales de l’édifice, et la restauration promise s’opéra de 1786 à 1793, par les soins des deux architectes Brebion et Renard, de manière à défier les siècles. Dès 1777, on avait réparé les petits cabinets bâtis contre la tour orientale ; mais ces premiers travaux avaient été exécutés avec une telle mesquinerie, qu’ils ne pouvaient apporter qu’un remède passager au délabrement progressif des salles d’observation.

Dans ses projets de restauration de l’Observatoire, le comte de Cassini avait aussi représenté au ministre que les opticiens français ne manquaient ni d’ardeur ni de talent, qu’ils n’avaient besoin que d’être encouragés. Il avait donc demandé l’établissement d’un atelier spécial où se construiraient tous les grands appareils. Cet atelier fut en effet installé dans la tour orientale de l’Observatoire ; on y dressa des marbres destinés à la vérification des instrumens, dans la cour fut établie une fonderie où l’on se proposait de couler les pièces essentielles. C’est là qu’à été coulée d’un seul morceau la grande roue de cuivre de 2 mètres de diamètre qui a servi plus tard à la construction d’un cercle mural. Cassini avait désiré en outre qu’un fonds lût affecté à l’entretien du matériel et à l’achat d’instrumens nouveaux. Il avait insisté pour obtenir un personnel de trois ou quatre jeunes gens qui devaient, sous sa direction, commencer un cours complet d’observations astronomiques et météorologiques ; l’Observatoire pouvait ainsi devenir une école d’astronomie pratique où se