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seurs de notre pays. On ne peut qu’encourager une telle tentative et en souhaiter le succès.

Nous signalions dernièrement les petits troubles ministériels qui ont eu lieu simultanément dans les deux royaumes entre lesquels se sont partagés les anciens Pays-Bas. En Hollande, le conflit entre le parlement et le ministère a déterminé la dissolution de la chambre et un certain remaniement du cabinet. Le dissentiment entre le gouvernement et la seconde chambre des états-généraux était né d’une des suites de la guerre d’Allemagne, la libération du Limbourg des liens de la confédération germanique. M. Wintgens, député de La Haye, a été placé à la tête de la justice, et l’on a séparé de ce ministère les départemens spéciaux des cultes, qui y avaient été réunis en 1862, à l’avènement de M. Thorbeke. M. van Lynden a été chargé des affaires des cultes réformés et du culte israélite ; M. Luyben a le département des catholiques. Cette importance donnée à l’état dans l’administration des cultes est approuvée par le parti clérical et le parti modéré ; ces arrangemens sont blâmés par les libéraux. Les élections sont fixées au 22 janvier, et la nouvelle chambre sera convoquée le 25 février prochain. On dit que la campagne électorale où va entrer la Hollande sera chaude. Aux questions en litige se mêle un projet de loi sur l’instruction primaire, sur laquelle, comme cela arrive toujours dans les systèmes d’instruction publique, s’élève un antagonisme entre les cléricaux et les libéraux. Un fait curieux et qui montre que les fluctuations des partis se produisent également dans les petits comme dans les grands états, c’est que les catholiques, qui votaient autrefois avec les libéraux, grossissent cette fois-ci les rangs des conservateurs les plus exagérés. On voit dans ce revirement des catholiques une chance de succès électoral pour le ministère. Quant à la petite crise de Belgique, elle s’est passée dans l’intérieur du cabinet ; elle a été bien peu sérieuse, car le ministre des affaires étrangères, l’honorable M. Rogier, le vétéran du libéralisme belge, a pour successeur un homme jeune et de mérite qui lui est allié de près, M. Vanderstichelen, ministre des travaux publics depuis plusieurs années. M. Vanderstichelen est remplacé au ministère des travaux publics par un député influent de Bruxelles, l’honorable M. Jamar. L’acquisition de ce nouveau ministre est une force ajoutée au cabinet. M. Jamar a été élu plusieurs fois président du tribunal de commerce de Bruxelles ; il a représenté la capitale belge au parlement pendant plusieurs législatures. Il s’était occupé surtout des questions financières ; il était le rapporteur ordinaire du budget et a publié de sérieux travaux sur la liberté des banques. M. Frère-Orban, qui déploie tant d’esprit, de sagesse et d’éloquence dans ce petit royaume de Belgique, et qui eût été certainement à la hauteur des premiers rôles dans les plus grands pays, conserve le ministère des finances, et prend la présidence du conseil.

On ne peut s’exprimer sur la situation de l’Espagne qu’avec un mé-