dragons et quelques compagnies d’infanterie. M. de Langey, colonel d’un régiment de cavalerie stationné à Ploërmel, et M. de Vianne, commandant du château de Nantes, déployèrent, pour arrêter environ deux cents malheureux, une ardeur dont témoignent leurs lettres, écrites dans un style qui n’a pas vieilli. Ces officiers firent leur besogne comme la feront jusqu’à la fin des temps les fonctionnaires qui saisissent aux cheveux l’occasion opportune pour se créer des titres exceptionnels à l’avancement. M. de Vianne explore de la cave au grenier les habitations suspectes et déploie l’activité d’un commissaire de police. Visant à la faveur personnelle du régent, M. le marquis de Langey a sous l’uniforme l’émotion et la phraséologie d’un substitut impatient.
Les prévenus voyaient trop bien l’impossibilité de se défendre pour opposer quelque résistance aux agens de la force publique. MM. Le Moyne de Talhouët et du Couëdic furent arrêtés à leur domicile; M. de Montlouis le fut également, non sans avoir tenté de soulever les paysans de sa paroisse en y faisant sonner le tocsin. Tous furent conduits au château de Nantes, qui, en y comprenant quelques femmes arrêtées pour avoir connu sans les révéler les secrets de la conjuration, ne compta pas moins de cent prisonniers aux premiers jours de novembre 1719. Le procès s’instruisit par contumace contre cinquante autres accusés dont la plupart avaient mis la mer entre eux et leurs juges. Ce bonheur ne fut pas réservé à M. de Pontcallec, resté caché aux environs de sa demeure. Après la fouille du château, opérée dans le courant d’octobre par un détachement que commandait le fils du maréchal de Montesquiou, le marquis, changeant chaque jour de résidence et de costume, brava durant deux mois toutes les recherches. La population se montra insensible aux mesures comminatoires décrétées contre les non-révélateurs comme aux offres d’argent adressées à quiconque livrerait mort ou vif le chef de la conspiration, et tous les foyers s’ouvrirent pour l’abriter. Il était depuis quelques jours dans un presbytère de campagne, près de la petite ville de Guéméné, lorsque M. de Vianne, qui battait le pays avec un détachement de dragons, fut averti de sa présence. La correspondance de cet officier n’indique point par quel moyen il se procura les renseignemens qui provoquèrent cette capture. Une courte lettre du 29 décembre 1719 adressée au président de la chambre royale annonce seulement qu’il vient de saisir lui-même M. de Pontcallec dans son lit au presbytère de Lignol, où il était caché depuis plusieurs jours, et que le prisonnier partira le lendemain pour Nantes avec le coquin de curé, sous la garde de M. de Mélesse, grand-prévôt de Bretagne; M. de Vianne ajoute, dans ce style qui est l’homme même, qu’il réservait aux commissaires ce bon morceau pour leurs