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sieurs des états, il allait consulter de nouveau le régent, dont il leur ferait savoir les intentions. Le 7 juillet, il écrivait en effet au marquis de La Vrillière une lettre qui se terminait ainsi : « Il est certain, monsieur, qu’il y a de l’inconvénient à prendre le parti de la rigueur pour les faire obéir; mais j’en crois davantage à les mener par la douceur, car je n’aurais pas obtenu une chose qu’ils feront naître des difficultés dans les autres. C’est pourquoi je souhaiterais avoir des troupes sur la frontière, car la peur a un grand pouvoir sur cette nation. »

Lorsque le commandant de la province se trouvait en une semblable disposition d’esprit, il lui était difficile d’intervenir bien chaleureusement pour seconder le vœu des états. Le régent crut donc faire acte de modération et probablement de clémence en joignant au refus que lui dictait l’attitude du maréchal l’autorisation pour les exilés et les exclus de se retirer dans leurs terres, sous la promesse qu’ils ne seraient nullement inquiétés, pourvu qu’ils ne s’occupassent plus des affaires de la province. Sur la notification de cette réponse, la noblesse cessa de participer aux travaux de l’assemblée, et, profondément blessée de l’atteinte portée aux droits de ses membres, elle prit une attitude purement passive pour se réunir en secrets conciliabules dont nous verrons bientôt les suites; mais, le maréchal lui ayant très clairement fait comprendre que sa persistance dans cette voie provoquerait une nouvelle dissolution, le second ordre sacrifia ses griefs particuliers à un intérêt plus élevé, et, tout en se refusant à compléter par d’autres choix les commissions dégarnies, il reprit le cours de ses séances, fort résolu d’ailleurs à ne céder sur aucune question fondamentale.

L’attention de la noblesse et de cette portion du tiers qui conservait quelque indépendance au sein de la représentation provinciale portait sur quatre points principaux. On réclamait une réduction d’un quart environ sur le chiffre de la capitation, et l’on demandait le maintien des bureaux diocésains, dont l’influence croissait chaque jour, et que le maréchal manifestait alors la résolution de briser. On revendiquait le droit de faire rendre des comptes devant une commission spéciale aux officiers des états qui avaient manié les deniers de la province, et cette revendication d’un droit plusieurs fois exercé sous les règnes précédens était poursuivie avec une ardeur qu’expliquait la méfiance inspirée alors par la gestion financière et l’attitude politique de M. de Montaran, trésorier des états. Ce fonctionnaire avait en effet cessé d’être l’agent de l’assemblée qui l’avait élu et à laquelle il devait sa fortune, pour se faire l’instrument soumis et l’espion attitré de la cour, ainsi que l’atteste sa volumineuse correspondance. On demandait en outre à MM. les commissaires du roi de reconnaître à la repré-