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LES
ETATS DE BRETAGNE

VI.
LA RÉGENCE ET LA CONSPIRATION DE PONTCALLEC[1].

A la mort de Louis XIV, la constitution bretonne se releva comme d’elle-même, fortifiée par les longues épreuves qui l’avaient comprimée sans la détruire. Tandis qu’aux débuts de la régence la France embrassait sans but déterminé des perspectives chimériques, la Bretagne eut l’avantage de réclamer l’accomplissement de dispositions rigoureusement définies et qu’au sein même de son enivrement le pouvoir absolu n’avait jamais déniées. Cette province porta dans ses poursuites autant d’ardeur que de confiance, et le mouvement d’esprit qui allait bientôt conduire les états de Dinan jusqu’aux conséquences les plus redoutables fut déjà sensible à ceux de Saint-Brieuc, ouverts en 1715, quelques semaines après la mort du grand roi. Quoique placée sous le coup d’une dette de 36,000,000, dont moitié avait été contractée de 1703 à 1713, cette assemblée ne contesta aucune des allocations directement réclamées au nom du jeune monarque, afin de ne laisser mettre en doute ni son dévouement ni son patriotisme ; mais, si pour cette fois encore les états consentirent à voter sans débat le don gratuit, ils rejetèrent toutes les demandes de gratifications faites, selon l’usage qui avait prévalu depuis un demi-siècle, pour les ministres et pour leurs nombreux

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1867.