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rolles s’ouvrent et se referment avec une telle régularité que Linné a pu établir une « horloge de Flore » au moyen d’une série de fleurs qui, tout le long du jour et de la nuit, s’épanouissent successivement. C’est particulièrement dans les organes de la fécondation que se manifestent les mouvemens les plus vifs et les plus apparens.

Les contractions des étamines paraissent avoir été découvertes pour la première fois vers le commencement du XVIIIe siècle. Depuis, les observations ont été innombrables. Le plus souvent, les étamines se dressent, puis se courbent vers le pistil, et ne s’en éloignent qu’après y avoir déversé la poussière fécondante dont l’extrémité de l’étamine est chargée. Toutefois le procédé n’est pas uniforme, et les particularités varient selon les espèces. Tantôt chaque étamine séparément, à mesure que le pollen qu’elle porte est parvenu à maturité, vient à son tour se mettre ainsi en contact avec le stigmate du pistil ; tantôt c’est deux par deux ou trois par trois, d’autres fois toutes ensemble, que les étamines accomplissent l’acte mystérieux de la transmission de la vie. Ce ne sont pas seulement les étamines, ce sont aussi les pistils qui, le moment venu, font acte de motilité spontanée. Il est vrai qu’ils y sont contraints par la conformation particulière d’une certaine classe de végétaux. Le plus souvent en effet les étamines égalent le style en longueur, ou bien encore le dépassent, parfois le surmontent. Rien de plus facile alors : les uns se rapprochent, les autres simplement s’inclinent ; mais dans les fleurs où les étamines, trop courtes, sont dépassées par le style, qu’arriverait-il, si ce dernier ne se penchait pas ? La nature a tout prévu : il se penche, témoin, entre beaucoup d’autres, ceux de la passiflore, du cactus, du lis ou de la nigelle. Lentement, mais méthodiquement il s’incline vers chaque anthère, reçoit son pollen, puis, la ronde faite, se redresse et demeure immobile au centre de la fleur. Dans le laurier Saint-Antoine, dans l’épilobe, s’opère une merveilleuse variante. Le style est penché vers la terre. Voici l’heure : il se relève et se partage en quatre stigmates ; mais les étamines sont courtes, inflexibles : qu’à cela ne tienne, les stigmates se recourberont en crochet pour atteindre au but désiré, et avec une telle énergie que chacun d’eux peut soulever de légers corps, ainsi que l’ont démontré de très nombreuses expériences. Citons une dernière plante, la fritillaire méléagre, dont tout le monde connaît les clochettes charmantes. Son pistil est très long, ses étamines fort courtes et très rapprochées. Que fait-elle ? Elle renverse sa clochette, le pollen tombe ; puis, la fécondation faite, la corolle se relève, alors que les stigmates, imprégnés, n’ont plus rien à attendre des étamines. Les pavots, les campanules et bien d’autres en