On ne connaît guère, il est vrai, que la moitié du désert qui se trouve à l’est du méridien d’Alger; plus à l’ouest, les informations sont rares, et le Sahara marocain reste même dans une obscurité presque complète. Toutefois-ce que l’on en a vu déjà suffit pour placer sous son vrai jour cette immense contrée. Les plaines de sable mobile, privées de sources et de rivières, en occupent encore une large partie; mais elles sont entrecoupées çà et là par d’innombrables cantons habités, dont l’aspect verdoyant contraste avec l’aridité générale. L’altitude ordinaire en est assez élevée, elle atteint 400 mètres environ au-dessus des mers, sauf cependant aux environs de Tougourt, où l’on rencontre une dépression locale, connue sous le nom de Sebkha-Melghir, qui semble être le lit d’une ancienne mer intérieure, et dont le niveau descend plus bas que celui de la Méditerranée. Au centre du Sahara se dressent deux vastes territoires couverts de hautes montagnes et coupés par de belles vallées, — l’oasis d’Aïr et celle du Hoggar, — deux Suisses africaines, selon l’expression du docteur Barth, qui les a visitées le premier. Le Hoggar serait le point culminant de la région tout entière. Les eaux qui coulent sur le versant sud se rendent au Dhioliba et de là au golfe de Guinée ; celles qui arrosent le versant ouest se dirigent vers l’Atlantique par d’anciens fleuves aujourd’hui desséchés; vers le nord, les eaux suivent la longue vallée de l’Igharghar et communiquent par le Melghir avec la Méditerranée. Tel dut être au moins le drainage du pays lorsque ces fleuves existaient, car il n’en reste actuellement que des traces et des formes confuses à la surface du sol. En somme, le Sahara est bien, de même que le Fezzan, le dernier escarpement du plateau central dont se compose le milieu de l’Afrique. Seulement c’est la partie la plus ingrate de ce plateau, parce que l’eau y est rare; à peine en certaines directions les caravanes trouvent-elles un puits après une semaine de marche. C’est aussi la région la plus chaude de la péninsule; nulle part dans toute l’Afrique et peut-être aussi nulle part sur la terre le thermomètre, ne se maintient si haut que dans les bas-fonds du Melghir.
À ce propos, il importe de remarquer que la sécheresse est une calamité dont souffre fatalement l’Afrique d’un bout à l’autre, que ce continent est sous le rapport des eaux moins favorisé que les autres terres du globe, et, s’il en est ainsi, ce n’est ni parce qu’il renferme d’immenses surfaces sablonneuses, ni parce qu’il est situé sous l’équateur et reçoit d’aplomb les rayons du soleil. La cause en est pour ainsi dire extérieure. Cela tient à l’ensemble même de la circulation aqueuse autour du globe. L’eau que les fleuves versent dans l’océan en une année ne peut être que la mesure exacte de ce que les nuages ont amené pendant la même période. Or les côtes de