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observateurs spéciaux des instrumens météorologiques qui permettront de bien connaître le climat de la terre sainte. Cette étude se rattache à des questions de climatologie historique des plus curieuses. Les témoignages réunis de Strabon, Pline, Galien, Tacite et le prophète Joël attestent que les palmiers-dattiers étaient la richesse de la Judée ; Jéricho se nommait la ville des palmiers. Or ces arbres sont aujourd’hui rares en Palestine, et les fruits n’en mûrissent pas mieux qu’à Hyères, à Nice et même à Alger ou à Tunis. Il semblerait donc que les étés sont devenus moins chauds ou plus courts. D’un autre côté, les livres saints parlent souvent des rigueurs de l’hiver, de la neige, de la glace. « Ainsi, dit le Psalmiste, le feu, la grêle, la neige, la glace, le vent de l’orage, exécutent la parole de Jéhovah. » Dans la guerre de Simon Macchabée, l’abondance de la neige empêcha l’armée de se mettre en marche. De nos jours, il est fort rare qu’il tombe de la neige, elle ne persiste pas sur le sol, et néanmoins les dattes ne mûrissent pas. Des observations exactes, continuées pendant plusieurs années, permettront de résoudre ce problème, qui avait provoqué les recherches d’Arago et de Jean Reynaud.

La question de l’antiquité de l’homme préoccupe à juste titre non-seulement le monde savant, mais le monde pensant tout entier. Elle a été discutée par M. John Crawfurd, sir John Lubbock, le Dr Hunt et quelques autres. Les exemples des peuplades de la Terre-de-Feu, de l’Océanie et de l’Australie, combinés avec l’étude des couteaux et armes en pierre taillée que nous trouvons en Europe, amènent à conclure à un état primitif de l’homme précaire et douloureux, que son intelligence, constamment accrue par l’hérédité, devait transformer peu à peu. Cette transformation, c’est la civilisation progressive du genre humain ; celle dont nous nous glorifions aujourd’hui paraîtra sans doute arriérée à nos petits-neveux et barbare à leurs descendans.

L’antiquité de l’homme a été affirmée vers 1834 d’abord par Schmerling, qui mourut ignoré de ses contemporains, puis par M. Boucher de Perthes, qui attendit vingt ans qu’on voulût bien examiner ses preuves et discuter ses raisons ; maintenant elle n’est plus contestée. C’est un fait désormais acquis à la science. Les instrumens en pierre taillée et polie, mêlés à des ossemens d’animaux disparus et quelquefois accompagnés de débris humains, se trouvent enfouis dans le limon des cavernes. De là une nouvelle ardeur pour fouiller ces antres, première habitation de nos sauvages ancêtres. En 1840, M. Godwin Austin avait commencé des fouilles dans la caverne de Kent, près de Torquay (Devonshire), et y avait trouvé des restes humains, des couteaux en silex et des ossemens