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courageuse femme, a pénétré au centre de l’Afrique, où il a découvert le lac Albert, le plus grand de tous ceux qui alimentent le Nil. M. Baker réalise complètement l’idée que l’on se fait d’un explorateur forcé de tenir en respect les peuplades au milieu desquelles il se fraie un passage. Une stature élevée, des traits mâles et énergiques, une voix sonore, une longue barbe rousse descendant jusqu’à la ceinture, tel est le portrait du voyageur qui a passé cinq ans dans l’Afrique tropicale. Le sentiment de patriotisme qui pousse les Anglais vers ces hasardeuses et utiles aventures animait le discours d’ouverture de M. Baker. « Le souvenir de ces vaillans soldats de la science et de la civilisation, dit-il en terminant, après avoir rappelé le souvenir de ses devanciers, soutiendra le courage des fils de la Grande-Bretagne qui marcheront sur leurs traces. S’ils succombent à leur tour sur une terre lointaine où la patrie absente ne peut leur envoyer un dernier adieu, ils entendront la voix d’un ange consolateur murmurant à leur oreille ces mots suprêmes : L’Angleterre compte que chacun fera son devoir. » On peut se figurer quels applaudissemens accueillirent ces paroles, que Nelson adressait à ses équipages avant la bataille de Trafalgar, dans un pays où les grands voyageurs sont honorés à l’égal des héros de la guerre.

M. Oliver entretint quelque temps la section des différentes routes proposées pour traverser l’isthme de Panama. Les Américains ont construit, entre Panama et Colon, un chemin de fer qui est en pleine activité depuis 1855. Un ingénieur français, M. Garella, a indiqué le tracé d’un canal à peu près parallèle au chemin de fer. M. Oliver rendit compte d’une exploration qu’il a faite à travers les forêts vierges sur la rivière de San-Juan, qui débouche à Greytown, dans l’Atlantique, et prend sa source non loin du lac de Nicaragua, qui est séparé de l’Océan-Pacifique par l’isthme étroit d’Algueras. Si l’on pouvait rendre le San-Juan navigable, il suffirait de creuser un canal assez court pour mettre les deux mers en communication. Malheureusement la reconnaissance de M. Oliver laisse peu d’espoir de canaliser cette rivière, et le chemin de fer ne se verra pas sans doute enlever de si tôt le transit de l’isthme.

Les études sur la Palestine, théâtre des événemens qui ont eu une si grande influence sur la civilisation de l’Europe et de l’Amérique, ont toujours été très populaires en Angleterre ; la Société royale de Londres, celle de géographie et miss Burdett Couts, qui nous offre un nouvel exemple d’une grande fortune mise au service de pensées généreuses, ont constitué un capital, Palestine exploration fond, pour étudier le pays sous tous les rapports. La carte sur une grande échelle est presque terminée, et on a distribué à des