Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 73.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ront dans l’avenir, car elles offrent des ressources qui manquent aux centres agricoles, et elles désirent le retour de l’association. Les premières s’intéressent vivement aux sciences pures, qui font leur gloire et leur prospérité, les secondes aux applications de ces sciences à l’industrie et au commerce, sources de leurs richesses et causes de leur accroissement.


LA VILLE DE DUNDEE.

Dundee, où l’Association britannique se réunit en septembre dernier, est située dans le comté de Forfar, sur la côte orientale de l’Écosse, à l’embouchure de l’un de ces golfes profonds, analogues aux fiords de la Norvège, qui découpent les côtes d’Angleterre et d’Écosse. Les Écossais leur donnent le nom de firth. Dundee est bâtie à l’embouchure du firth of Tay. La Tay, née dans les montagnes de la côte occidentale de l’Écosse, traverse le lac du même nom, passe à Perth, et après un court trajet se dilate en un large golfe où la mer monte à marée haute et où le fleuve descend avec la marée basse. Cet estuaire est moins étendu que celui sur lequel est situé Edimbourg et qui se nomme le firth of Forth. Inverness, Glasgow, Carlisle, Hull, Monmouth et Londres même sont situés à l’origine de ces larges embouchures de rivières dont le trajet est toujours infiniment plus court que celui des fleuves continentaux. En France, les embouchures de la Seine, de la Loire et de la Gironde, qui correspondent à des fleuves dont le cours est très long, sont moins larges, moins ouvertes que les estuaires de l’Angleterre et de l’Écosse.

Dundee est une ville fort ancienne. La tradition veut qu’elle ait été fondée par le comte David à son retour des croisades. Sous le règne d’Édouard Ier d’Angleterre, elle fut prise et saccagée par les Anglais, puis délivrée par Wallace, le héros écossais, qui avait été élevé dans ses murs. En 1309, un concile d’évêques et de prêtres catholiques s’assemble à Dundee : néanmoins peu de villes en Écosse embrassèrent avec autant d’ardeur les doctrines du protestantisme. Wishart fut l’apôtre réformateur de Dundee. Un certain Robert Mill, instrument des violences du cardinal Beaton, lui intima l’ordre de ne plus troubler l’esprit du peuple par ses sermons et de quitter la ville. Wishart partit ; mais, une épidémie ayant éclaté, il revint pour relever le courage de ses ouailles. Un prêtre tenta de l’assassiner, et Wishart échappa à un complot destiné à le livrer au cardinal Beaton. Lorsque l’épidémie eut cessé, celui-ci vint à Dundee, et punit sévèrement tous ceux qui étaient soupçonnés de lire la Bible. Ses rigueurs furent impuissantes à faire revenir les