qu’elle de voir le saint-père traverser la ville où il résidait. Pie VII fut acheminé par Mondovi et Rivoli vers Grenoble.
Maintenant que non-seulement la nouvelle de l’arrestation du saint-père, mais aussi les détails de son enlèvement du palais Quirinal étaient connus des populations, il n’y avait plus moyen d’arrêter l’élan qui les portait à se présenter partout en masses sur son passage pour le saluer de leurs acclamations et lui demander à genoux sa bénédiction. L’escorte de gendarmes qui gardait Pie VII n’était pas, on le comprend, assez forte pour s’opposer, surtout pendant la traversée des petites villes, à de pareilles manifestations. Il lui fallait les subir avec patience et n’en paraître pas trop courroucée. À Mondovi, le clergé de la ville, toutes les congrégations religieuses, bannières en tête, s’étaient portées au devant du saint-père. On avait sonné les cloches à toute volée On eût dit un jour de fête, et cela y ressemblait en effet beaucoup. Rien de plus singulier que le spectacle de ce vieillard à la figure sereine et douce devant lequel des bourgades entières venaient se mettre à genoux, dont la voiture était suivie avec acclamations et transports par des bandes de femmes et d’enfans qui lui jetaient des chapelets et des fleurs à bénir. Pie VII avait commencé son voyage en martyr, il le finissait presqu’en triomphateur. Enfermé sous clé et gardé à vue, il avait l’air de protéger l’escorte dont il était accompagné. Chose singulière, dont l’entourage du saint-père ne pouvait revenir, et qui ne laissa pas d’étonner un peu le capitaine de gendarmerie qui depuis Florence remplaçait le général Radet, l’enthousiasme pour le saint-père s’accroissait à mesure qu’on approchait davantage de Grenoble. Ce qui avait été un incident à Mondovi, en Italie, était devenu coutume depuis que Pie VII avait passé la frontière de France. Voyant que les militaires qui entouraient le saint-père souffraient tout et ne s’opposaient à rien (comment l’auraient-ils pu faire ?), les naïves populations de la Savoie et du Dauphiné en vinrent sans doute à s’imaginer que les ovations qu’ils faisaient au saint-père étaient vues avec plaisir par le gouvernement. Dès lors ils ne les ménageaient plus. Ce n’était plus seulement à la traversée des villages, c’était tout le long de la route sur les pentes de leurs vertes collines que venaient se grouper les habitans des riches vallées qui environnent la ville de Grenoble. Ce fut au milieu d’une foule immense qui lui prodiguait les plus signalés témoignages de sympathie et de respect que Pie VII, réuni de nouveau au cardinal Pacca, fit son entrée dans cette ville le 21 juillet. À Grenoble, ce ne fut plus tout à fait la même chose. Le concours populaire était pareil, l’accueil aussi chaleureux de la part des classes inférieures : le peuple était à genoux quand le saint-père traversa la ville pour