saires de recourir publiquement contre lui à l’emploi de la force ouverte. Il s’était donc barricadé dans le Quirinal, ordre avait été donné de n’en ouvrir de jour les portes qu’aux personnes faisant partie de la maison du saint-père. La nuit, elles étaient fermées pour tout le monde sans exception, et des sentinelles de bonne volonté se relayaient à l’intérieur du palais pour observer d’un lieu élevé les mouvemens qui se pouvaient faire autour du Quirinal afin d’en surprendre l’entrée. Toutes ces précautions étaient connues du général Miollis par suite des intelligences que Radet s’était procurées dans la maison même du saint-père. Elles ne laissaient pas que de l’embarrasser, car, outre la garde assidue que montaient au dedans les serviteurs du saint-père, le gros de la population romaine, soupçonnant le projet de lui enlever Pie VII, surveillait lui-même journellement les moindre mouvemens des troupes, et faisait parvenir des avis sûrs au cardinal Pacca touchant tout ce qui pouvait se tramer contre le Quirinal. Le général Radet rendait un compte assez exact de la situation, lorsqu’il écrivait au ministre de la guerre dans sa lettre du 13 juillet 1809 que « l’horizon s’obscurcissait et que le pape gouvernait du bout du doigt beaucoup plus que nous avec nos baïonnettes[1]. »
Cependant Radet était, somme toute, un homme sûr, hardi et délié; l’empereur lui avait personnellement envoyé de Schœnbrunn en Toscane, où il se trouvait alors, l’ordre télégraphique de se rendre à Rome, sans doute parce qu’il le jugeait plus propre que qui que ce fût à mener à bien l’arrestation du pape. Miollis résolut donc de s’en rapporter à lui pour entreprendre cette scabreuse opération. Dans sa relation de 1809, c’est le général Radet qui a provoqué l’arrestation du pape, qui l’a presque imposée par son éloquence aux incertitudes du général Miollis. Dans la relation de 1814, c’est au contraire avec une extrême répugnance que Radet entendit le général Miollis lui en démontrer la nécessité. Il y fait beaucoup d’objections. « Il aurait bien voulu éluder la mission qui lui était donnée; mais plus il en cherchait les moyens, moins son imagination le servait[2]. » Son unique espérance reposait sur le défaut de troupes; dans la nuit du 5 au 6 juillet, le général Miollis vint lui annoncer qu’il arrivait des troupes napolitaines. Radet assure qu’il fit encore de nouvelles remontrances; mais le gouverneur de la ville, « après avoir retracé les dangers de la position et la nécessité d’arrêter par un coup de foudre le torrent et l’effusion du sang, objecta que, comme militaires, nous étions essentiellement obéissans, passifs et responsables sur notre tête des ordres qui nous étaient donnés. Je n’avais rien à répondre. L’honneur et mes ser-