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rent l’indifférentisme pour toutes les religions, sans en excepter la religion juive, cette ennemie implacable de Jésus-Christ, et ce système qui ne suppose aucune religion est ce qu’il y a de plus injurieux, de plus opposé à la religion catholique, apostolique et romaine, laquelle, parce qu’elle est divine, est nécessairement seule et unique, et par là même ne peut faire alliance avec une autre, de même que le Christ ne peut s’allier avec Bélial, la lumière avec les ténèbres, la vérité avec l’erreur, la vraie piété avec l’impiété ! La protection jurée et si vantée du souverain des Français pour tous les cultes n’était donc autre chose qu’un prétexte et une couleur pour autoriser la puissance séculière à s’immiscer dans les affaires spirituelles, puisqu’en montrant tant de respect pour toutes les sectes avec toutes leurs opinions, le gouvernement français ne respectait en effet aucun droit, aucune institution, aucune loi de la religion catholique... Il résultait de là, poursuivait l’instruction adressée aux évêques italiens : 1° qu’il n’était point permis aux sujets du souverain pontife, tant ecclésiastiques que laïques, de prêter jamais à ce gouvernement intrus serment de fidélité, d’obéissance et d’attachement exprimé dans des termes illimités et qui comprendraient en eux-mêmes la déclaration d’une fidélité et d’une approbation positives, parce qu’un pareil serment serait un acte d’infidélité et de félonie envers le souverain légitime,... serment d’un scandale grave qui favoriserait un fait qui ne pouvait tourner qu’au détriment de la foi et à la perle des âmes, serment dans tous les sens répréhensible, injuste et sacrilège; 2° qu’il n’était pas non plus permis d’accepter et bien moins encore d’exercer des emplois qui auraient une tendance plus ou moins directe à appuyer, à aider, à consolider le nouveau gouvernement dans l’exercice de son pouvoir usurpé;... 3° qu’il n’était pas permis aux évêques et aux autres pasteurs ecclésiastiques de se prêter au chant du Te Deum à l’occasion de l’établissement du gouvernement illégitime... Sa sainteté espérait que, l’expérience elle-même ayant démontré à quel point il était dangereux pour la tranquillité publique d’exiger des sermens qui mettaient ceux auxquels ils étaient imposés dans la funeste alternative soit de trahir leur conscience, soit de s’exposer à des périls graves et imminens, une pareille extrémité serait épargnée à ses sujets; mais le contraire pouvait aussi arriver. Le nouveau gouvernement voudrait peut-être colorer une telle violence du prétexte de sa sécurité. Dans ce cas, sans contrevenir aux principes incontestables établis dans la présente instruction, on pourrait lui donner satisfaction par une formule qui, se restreignant à une promesse de fidélité et d’obéissance passive, c’est-à-dire de soumission et de non-opposition, en même temps qu’elle garantirait le repos public (qu’il n’est jamais permis aux particuliers de troubler par des complots et par des factions à cause des désordres et des scandales plus grands qui en résultent d’ordinaire), ne ferait tort ni à la justice ni à la religion... Quelque grande que puisse