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de la physiologie générale est précisément d’analyser les mécanismes fonctionnels complexes pour les ramener à leurs élémens vitaux particuliers. C’est ainsi que les phénomènes de sensibilité et de mouvement s’expliquent par les propriétés des élémens nerveux et musculaires, que les phénomènes de respiration et de sécrétion se déduisent des propriétés des élémens respiratoires du sang et des propriétés des élémens glandulaires et épithéliaux.

Les élémens organiques des êtres vivans, qui se présentent généralement sous les formes diverses de fibres ou de cellules microscopiques, sont les véritables ressorts cachés de la machine vivante. Ils sont associés et reliés entre eux pour former les tissus, les organes et les appareils qui constituent les rouages des mécanismes vitaux. Il y a de plus dans tout organisme vivant un véritable milieu intérieur dans lequel les élémens anatomiques remplissent leurs fonctions spéciales et parcourent toutes les phases de leur existence.

La matière organisée ou vivante, qui constitue les élémens histologiques, n’a pas plus de spontanéité que la matière inorganique ou minérale, car l’une et l’autre ont besoin, pour manifester leurs propriétés, de l’influence des excitans extérieurs. La spontanéité des corps vivans n’est qu’apparente[1], et ne saurait s’opposer en rien à l’application de la méthode expérimentale et à l’analyse des phénomènes vitaux. L’expérimentateur physiologiste peut donc agir sur les propriétés de la matière organisée, et par conséquent sur les manifestations de la vie ; mais nous allons voir de plus que ce sont absolument les mêmes agens ou les mêmes influences qui excitent les propriétés de la matière organique et celles de la matière inerte.

Les excitans généraux, air, chaleur, lumière, électricité, qui provoquent les manifestations des phénomènes physico-chimiques de la matière brute, éveillent aussi d’une manière parallèle l’activité des phénomènes propres à la matière vivante. Lavoisier avait déjà montré clairement que les phénomènes physico-chimiques des êtres vivans sont entretenus par les mêmes causes que ceux des corps minéraux. Il démontra que les animaux qui respirent et les métaux que l’on calcine absorbent dans l’air le même principe actif ou vital, l’oxygène, et que l’absence de cet air respirable arrête la calcination aussi bien que la respiration. Dans un autre travail, Lavoisier et Laplace prouvèrent que l’oxygène, en pénétrant dans les êtres vivans, engendre en eux la chaleur organique qui les anime par une véritable combustion semblable à la combustion de nos foyers. L’antique fiction de la vie comparée à une flamme qui

  1. Voyez du Progrès des Sciences physiologiques, — Revue du 1er août 1865.