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va se perdre la passion des rétrogrades ne peuvent rien, même contre la nécessité des faits actuels. Ce qu’il est possible de faire pour le pouvoir temporel ne saurait aller que jusqu’à un vulgaire replâtrage. La question présente ne se tient point dans les régions de philosophie religieuse où l’on voudrait la placer. Elle est rabaissée pour le moment aux conditions prosaïques d’une question de conférence. À voir les choses comme elles sont en réalité, le dissentiment entre la politique française et la politique italienne n’a porté que sur l’inexécution d’un traité. L’honneur officiel de la France n’a été touché et l’emploi prépondérant de sa force n’a été exercé que parce que l’Italie n’a pu assurer le respect d’une convention qui portait la signature toute fraîche de notre gouvernement. Mais notre gouvernement, par cette convention, n’avait contracté aucun lien avec le principe de la perpétuité du pouvoir temporel. Les questions de personnes bien plus que les principes étaient le mobile réel de cet arrangement, Nous concevons, quant à nous, cette influence souvent respectable des considérations personnelles dans les grandes affaires. Nous comprenons que l’on ait voulu assurer la tranquillité à la fin de la carrière de Pie IX. Ce pape, avec des qualités aimables de caractère, a eu une existence bien tourmentée. Il a vu les extrémités des choses humaines. Il a commencé, lui aussi, par être, involontairement sans doute, mais par la nécessité de sa situation, un agitateur révolutionnaire. Grâce à lui, nos légitimistes français devinrent républicains en 1848 ; nous nous souvenons d’avoir entendu alors des candidats légitimistes déclarer dans des clubs qu’ils s’associaient avec confiance à une révolution qui avait eu Pie IX pour premier initiateur. Au lendemain du 24 février, dans un élan de ferveur à coup sûr bien révolutionnaire, M. de Falloux montrait le pape prêt à sacrifier son pouvoir temporel aux vœux qu’on formait alors pour le bonheur de l’Italie, de la France et du genre humain. Nous ne sommes point surpris de l’intérêt affectueux qui s’attache au pieux vieillard sur la tête duquel la destinée a fait éclater ces tristes orages. Nous trouvons naturel qu’on ait eu la sollicitude de vouloir que la tranquillité de ses derniers jours et les scrupules de sa conscience, liée par le serment d’investiture à la conservation du pouvoir temporel, fussent ménagés. C’eût été une délicatesse de la part des contemporains de respecter et de ne point troubler la fin de cette existence vénérable. Voilà l’effet que devait produire la convention du 15 septembre ; elle ne pouvait point préjuger et trancher d’une façon absolue la question de la perpétuité du pouvoir temporel.

Aux termes des engagemens contractés par le gouvernement français, les choses ne vont pas plus loin, et elles n’iront pas plus loin, nous le gagerions, soit que l’expédient de la conférence réussisse, soit que la France se croie obligée de placer encore pendant quelque temps sa volonté seule entre l’Italie et Rome. Quelles sont les destinées de la confé-